Flambée de violences contre les musulmans à New Delhi : L’église indienne appelle à secourir les victimes et à prier

L’archevêque de Dehli, Mgr Anil J. Couto a demandé que, « en ce moment d’épreuve, alors que des révoltes improvises tenaillent Delhi, nous nous mobilisions au travers de nos prières et de tout effort possible visant à porter secours aux personnes touchées en termes d’abri, de nourriture et de vêtements ».
Sur Twitter, les scènes de guérilla urbaine sont insoutenables. Depuis dimanche soir, dans la périphérie de New Delhi en Inde, les musulmans sont victimes de violents lynchages de la part des nationalistes hindous, aux cris de « Jai Shri Ram », « loué soit le dieu Ram ».
Leurs mosquées et leurs maisons sont incendiés, des corans sont profanés. On déplore déjà 38 morts et plus de 200 blessés. L’Église indienne appelle officiellement ses membres à se mobiliser dans la prière mais aussi à « porter secours aux personnes touchées ».
Selon l’Agence France Presse, une loi est à l’origine de ces « heurts ». Visant à faciliter l’obtention de la nationalité indienne, cette loi concerne les réfugiés venus d’Afghanistan, du Pakistan et du Bangladesh, à la condition qu’ils ne soient pas musulmans. Cette loi discriminante est à l’origine d’un mouvement de contestation qui dure désormais depuis deux mois.
En Inde, les violences ont déjà fait depuis dimanche 33 morts et plus de 200 blessés à New Delhi, dans un contexte de polarisation croissante du pays, gouverné par les nationalistes hindous du Premier ministre Narendra Modi. Un fil #AFP à dérouler ⤵️ (1/8) pic.twitter.com/cESfwOPy4y
— Agence France-Presse (@afpfr) February 27, 2020
Il s’agirait selon l’AFP de la « flambée de violences intercommunautaires [...] la plus grave depuis les massacres de Sikhs en 1984 en représailles à l’assassinat d’Indira Gandhi ».
A New Dehli, des groupes armés hindous s'en sont pris à des musulmans. Plusieurs mosquées ont été brûlées. Cette flambée de violences intercommunautaires est la plus grave depuis les massacres de Sikhs en 1984 en représailles à l'assassinat d'Indira Gandhi (5/8) #AFP pic.twitter.com/rFkoPRWIPo
— Agence France-Presse (@afpfr) February 27, 2020
Pratap Bhanu Mehta, vice-chancelier de l’Université d’Ashoka et président du Centre Policy Research de New Delhi, a écrit une tribune dans l’Indian Express. Selon lui, cette « nuit de terreur » est « en cours d’élaboration depuis un certain temps ».
« L’Inde sombre dans une nuit de terreur et de désespoir. Les émeutes en cours à Delhi ne sont pas une aberration tactique, un manque d’attention distrait. Ils sont en cours d’élaboration depuis un certain temps et représentent l’avenir que nos classes dirigeantes, avec notre aide et notre soutien, nous ont imaginé. L’idée est de bombarder la République indienne telle que nous la connaissons et de la remplacer par un régime qui se nourrit de cruauté, de peur, de division et de violence. »
Il s’agit pour lui de la « première fois dans l’Inde indépendante que les minorités ne peuvent recourir à aucune formation ou force électorale pour assurer une protection, même élémentaire ». Il va jusqu’à dire que « les émeutes de Delhi ressemblent plus à un prélude à un éventuel pogrom, ou du moins à la ghettoïsation ».
Dans ce contexte, l’Église d’Inde se lève et appelle ses fidèles à se tenir aux côtés des victimes. L’archevêque de Dehli, Mgr Anil J. Couto a demandé que, « en ce moment d’épreuve, alors que des révoltes improvisées tenaillent Delhi, nous nous mobilisions au travers de nos prières et de tout effort possible visant à porter secours aux personnes touchées en termes d’abri, de nourriture et de vêtements ».
Anastasia Gil est religieuse et avocate. Dans des propos repris par Fides, elle exhorte les chrétiens à ne pas « être de simples spectateurs pendant que des citoyens musulmans sont attaqués ».
« Il y a des victimes innocentes et les blessés ne sont pas autorisés à se faire soigner à l’hôpital. Des magasins dans les zones musulmanes ont été incendiés par des militants autorisés à détruire des biens et à créer de la violence. Notre rôle est de défendre la justice, former des comités de paix pour empêcher les provocateurs, empêchez ces personnes de pénétrer dans vos zones, surveiller la situation, à être solidaires des musulmans et des autres communautés, à adopter des mesures pour mettre fin à la violence. »
M.C.
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