Fin de vie à l'Assemblée nationale : le CNEF réaffirme son opposition à l’aide active à mourir

Fin de vie à l'Assemblée nationale  le CNEF réaffirme son opposition à l’aide active à mourir

Alors que l’Assemblée nationale débat depuis ce lundi de deux propositions de loi portant sur la fin de vie, le Conseil national des évangéliques de France (CNEF) a rappelé sa position résolument opposée à l’aide active à mourir. 

Les députés français ont entamé lundi dans l'hémicycle les débats sur la fin de vie et l'examen d'un premier texte sur les soins palliatifs, tout en se projetant déjà vers le deuxième volet plus clivant concernant "l'aide à mourir". Un vote solennel pour chacune de ces propositions est prévu le 27 mai, marquant ainsi une étape décisive dans ce dossier sensible.

Deux semaines de débats, potentiellement prolongés les week-ends, permettront de se pencher sur deux textes distincts. Le premier, plus consensuel, vise à instaurer un "droit opposable" aux soins palliatifs, répondant ainsi à un constat alarmant : seule la moitié des besoins actuels sont couverts, selon un rapport de la Cour des comptes de juillet 2023.

Le deuxième texte, nettement plus controversé, porte sur l'aide à mourir, un sujet qui divise profondément l'hémicycle mais également l'opinion publique. Alors que l'examen de cette proposition n'a pas encore débuté, de nombreux députés, notamment à droite et à l'extrême droite, ont anticipé les débats en rappelant leur opposition ferme, affirmant qu'il ne pouvait y avoir de "continuum entre les soins palliatifs et le suicide assisté".

Les évangéliques "dénoncent tout acte donnant la mort"

Dans ce contexte, le Conseil national des évangéliques de France (CNEF) a rappelé sa position sur l'aide à mourir. Par la voix de son directeur de la communication, Romain Choisnet, le CNEF a écrit sur X (anciennement Twitter) :

"Affirmant la valeur absolue de chaque vie humaine, les protestants évangéliques dénoncent tout acte donnant la mort, y compris dans le cadre d’une ‘aide active à mourir’ en fin de vie."

Cette prise de position s'inscrit dans la continuité d'un communiqué publié en janvier 2023, où le CNEF rappelait l'inaltérabilité de la dignité humaine, quel que soit l'état de santé, l'âge ou les capacités physiques et cognitives d'un individu. Citant le commandement biblique : "Tu ne commettras pas de meurtre", les évangéliques appelaient les élus à "faire le choix de la vie et non celui de la mort".

"L’Évangile nous appelle à aimer et prendre soin particulièrement des plus fragiles dans notre société. C’est également la position de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen : chaque être humain a une dignité fondamentale et égale qui ne saurait se dégrader avec l’âge. L’humanité d’une société se mesure dans sa capacité à aimer, protéger et entourer les personnes faibles et souffrantes, plutôt qu’à faciliter leur mort, ou inspirer un devoir de mourir. "

Un débat sociétal sous tension

Dès les premières discussions à l'Assemblée nationale, les interventions se sont cristallisées autour de la question de l'aide à mourir. Olivier Falorni, rapporteur du texte, a défendu cette proposition comme un "ultime recours" face à des situations de souffrance insupportable : "Il y a encore pire que la mort, quand la vie n'est devenue qu'une inexorable agonie", a-t-il déclaré.

De nombreux amendements, notamment ceux demandant d’écrire noir sur blanc qu'il ne peut y avoir de "continuum entre les soins palliatifs et le suicide assisté", ont été rejetés. Les débats devraient reprendre cette semaine, avec près de 3 000 amendements à examiner, promettant des discussions longues et animées.

Un appel à un cadre législatif rigoureux

La ministre de la Santé, Catherine Vautrin, a appelé à définir un "cadre clair avec des principes non négociables" pour encadrer cette aide à mourir. La question des critères, des garde-fous, de la collégialité des décisions et de l'auto-administration de la substance létale seront au cœur des discussions.

Face à ces enjeux, les évangéliques de France continuent de porter un message de défense de la vie, soulignant que "l’humanité réside précisément dans le fait de refuser de céder aux pressions démographiques, lobbyistes ou économiques qui appellent à faciliter la mort anticipée".

"Le CNEF invite donc les élus français à faire le choix de la vie et non celui de la mort. Nous attendons qu’ils réaffirment le droit de chacun d’être aidé à vivre et jamais à mourir. C’est ainsi que nous gagnerons tous en humanité."

Camille Westphal Perrier (avec AFP)


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