On pourrait l’imaginer comme le point d’ancrage du nouvel opus d’Umberto Eco tant son histoire même est digne d’un grand roman !
E
xposé au Musée de Naples, ce décor peint est resté figé dans les vestiges de Pompéi, après l’éruption du Vésuve, durant l’été 79 après J.-C… Il est surtout, jusqu’à présent, la première représentation connue d’un passage biblique.
Histoire d’un roi qui recherchait la sagesse pour le peuple de Dieu
Ce fragment de paroi peinte provient des vestiges d’une demeure de Pompéi, appelée la «maison du médecin», un nécessaire et des instruments de chirurgie y ont en effet été trouvés. Cette œuvre faisait partie d’un ensemble de fresques caricaturales qui décoraient les murs du péristyle, une galerie bordée de colonnes entourant la cour de la maison. Les différents auteurs qui ont écrit sur le sujet, s’accordent à dire qu’elles avaient pour objectif de divertir les visiteurs.
Caricature biblique
Cette fresque évoque un grand récit biblique trouvé dans I Rois 3 :16, le jugement de Salomon, un épisode fameux lié à la culture hébraïque, que les Romains, polythéistes, aimaient tourner en dérision. On reconnaît la scène : deux femmes se disputent un bébé. Le roi Salomon utilise une ruse, ou la sagesse demandée à Dieu ( ?), pour savoir qui est la vraie mère. Il demande à un soldat de partager le bébé. Alors que le bourreau s’approche une des deux femmes se jette aux pieds de Salomon, disant qu’elle préfère se sacrifier plutôt qu’on tue son bébé. Le roi reconnaît en elle la mère de l’enfant.
Tous les personnages, la foule, les soldats, le roi et ses conseillers sur leur estrade sont représentés sous forme de nains, avec des petits corps et des grosses têtes. On a voulu clairement représenter cette scène biblique de manière satirique, pour amuser la galerie. Mais le message lui, n’en reste pas moins très sérieux !
La satire était très en vogue à Rome, notamment dans les décors de maison, très colorés. Les murs étaient des supports d’expression. En cela les caricaturistes romains étaient des précurseurs.
Selon que vous êtes ‘hébreu’, grec, ou romain vous pouvez voir la scène sous un angle différent. Certains auteurs pensent que le propriétaire de la maison pouvait être juif, et que c’est pour cela qu’il se moquerait ainsi des grecs, et des romains, polythéistes… La caricature biblique est-elle née ?
Un autre aspect de cette œuvre est à considérer. Il y a ici dans la foule deux hommes qui regardent la scène avec un air admiratif, et il semblerait que l’on ait à faire à Socrate et à Aristote…
Donc dans cette même représentation, nous avons deux grecs, philosophes de renom, représentant la sagesse classique grecque, qui admirent la sagesse hébraïque-chrétienne du roi Salomon…
Où se situe la satire, de qui se moque-t-on en fait ?
Est-ce pour celui qui regarde la scène, de rire de la philosophie grecque qui n’a pas réponse à tout, ou bien, ou est-ce pour l’auteur de la pièce de suggérer, vous Romains qui regardez cette œuvre, vous n’êtes même pas sur le tableau, c’est un roi juif, inspiré par son Dieu, qui a la réponse à une question aussi épineuse.
Après presque 2000 ans, cette œuvre garde son mystère !
Bérengère
Sources : Biblica Archeology , La Dépêche