Mise à jour le 10 mai 2020
Le live #OnEstEnsemble a procédé à un exercice de fact checking pour contrer la stigmatisation de la Porte Ouverte Chrétienne.
Hier soir, dans un live sur YouTube, une contre-enquête a été conduite par #OnEstEnsemble, suite à la « déferlante médiatique » et à la vague de violence qui s’en est suivie sur les réseaux sociaux. Sous la direction d’Éric Célérier et aux côtés de Samuel et Jonathan Peterschmitt, et Nathalie Schnoebelen, experts, journalistes, représentants des cultes et autres témoins se sont succédés pour un brillant exercice de fact checking.
Car selon les initiateurs de ce projet, il y a bien eu cinq fake-news dans tout le battage médiatique fait autour du rassemblement de l’église la Porte Ouverte Chrétienne du 17 au 21 février dernier. Cinq fake-news clairement énoncées par Éric Célérier, et éprouvées par de nombreux experts, spécialistes et témoins.
Fact checking 1 : Les évangéliques ne sont pas une secte
Éric rappelait que dans les médias, on appelle souvent les évangéliques, « évangélistes ». Il a donc voulu donner la parole à Sebastien Fath, sociologue, historien, chercheur au CNRS. Ce dernier a expliqué qui sont les évangéliques dans le monde, « l’expression la plus courante du protestantisme mondial ». Ces 640 millions de chrétiens mettent « l’accent sur la communauté locale de convertis » et « l’évangélisation autour d’un Dieu qui sauve, qui guérit, qui restaure », auxquels « s’ajoute un contrôle social et une dynamique militante entre modèle de l’Église Providence, solidaire et redistributive, et parfois aussi dérives sectaires ».
« En France, il faut noter que ces évangéliques ont atteint le seuil d’1% de la population. Porté par des dynamiques multipolaires et locales, ce protestantisme évangélique est l’expression, parmi d’autres, de sociétés civiles émergentes qui contestent les monopoles politiques, les monopoles économiques et les monopoles confessionnels hérités du passé. »
Nathalie Schnoebelen, directrice de la communication de la Porte Ouverte Chrétienne évoque des suspicions liées à une méconnaissance du fait religieux.
« Quand on connait mal le fait religieux, quand on connait mal les évangéliques, quand on connait mal, c’est suspect. Et la Porte Ouverte, comme après les chrétiens évangéliques sont devenus suspects. »
Elle déplore également une « dissonance » entre les discussions menées avec les journalistes et les articles et reportages qui s’en suivaient.
« Et on s’est rendu compte avec les journalistes que lorsqu’ils venaient au milieu de nous, leur démarche était honnête. Ensuite, quand on voyait les articles, ou qu’on regardait les reportages, il y avait comme une dissonance entre ce qu’on avait pu partager avec eux et ce qui après été rapporté dans le reportage. Par exemple, on avait compris qu’après le montage, celui qui présentait avait des mots vraiment durs que l’on ne retrouvait pas forcément dans le reportage, ou des gros titres d’articles, qui n’avaient rien à voir avec le corps de l’article. Donc on a compris par là qu’ils venaient faire du buzz certainement, certains d’entre eux. »
Jonathan se dit tout à fait en phase avec ces propos et évoque des rencontres avec des « personnes extrêmement intéressantes, extrêmement intéressées, avec la plupart du temps un très bon contact, mais avec parfois l’impression qu’il y avait au final la rédaction ou l’expression d’une illustration de quelque chose [...] qui ne reflétait pas du tout ce dont nous avions discuté au moment de l’interview ».
« Et ça je dois dire que c’était quelque chose d’assez frustrant et déstabilisant puisque l’honnêteté n’aboutit pas forcément jusqu’au lecteur ».
Fact checking 2 : La porte Ouverte Chrétienne n’a pas été négligente
L’enquête rappelle à ce titre, qu’au moment du rassemblement, le 18 février, à 300 mètres de l’église, le président Macron effectue un déplacement sur le thème du communautarisme religieux et prend un bain de foule pendant 1 heure 30, sans précaution.
L’extrait d’une interview de Samuel Peterschmitt est alors montré. Le pasteur explique :
« Un médecin est entré et me dit, ‘mais monsieur Peterschmitt, vous ne pouvez pas prendre ça sur vous. Vous ne pouviez pas savoir. Personne ne savait’. [...] Nous avions les garanties en France qu’il n’y avait vraiment pas encore de chaîne de contamination. »
Thierry Le Gall, pasteur de directeur du service pastoral du CNEF, rappelle alors qu’à ce moment les propos d’une sénatrice et d’une préfète « ont laissé croire que l’église de Mulhouse portait la responsabilité de cette diffusion, alors que, encore une fois, l’enquête le prouvera je pense, mais encore une fois, les organisateurs de cet évènement sont victimes de cette pandémie, comme l’ont été d’autres dans la région lyonnaise, dans le nord ou dans l’Oise ».
La contre-enquête cite ensuite un article du FigaroVox qui rappelle les propos du directeur de La Vie.
« Le directeur de l’hebdomadaire La Vie estime que le procès intenté aux participants du rassemblement chrétien à Mulhouse, notamment par Jean-Luc Mélenchon dimanche, est injustifié, car dans le même temps les élections municipales ou les matchs de football étaient maintenus eux-aussi. »
Un match de football où 57 335 spectateurs étaient présents.
« C’est extrêmement éloquent », conclue Éric Célérier, « Jonathan on vous reproche d’avoir rassemblé 2500 personnes dans un même lieu alors que plus de 57 000 personnes étaient rassemblées, plus tard, sans aucun geste barrière ».
Jonathan Peterschmitt qu’à ce moment « personne n’avait conscience ».
« Il n’y avait pas d’alerte à ce moment-là. Donc nous avions un fonctionnement qui est celui d’une communauté tout à fait normale. Nous n’avions pas de gestes barrières, tout simplement parce que, gestes barrières, il n’y avait à ce moment pas. »
Fact Checking 3 : La Porte Ouverte Chrétienne n’est pas à l’origine de la propagation du virus en France
Nathalie Schnoebelen met alors en avant la publication faite par l’économiste Liliane Held-Khawam sur son site, qui rapporte le cas d’un habitant de Colmar, testé positif au Covid-19 en décembre 2019. L’économiste rappelle également les nombreux « va-et-viens entre Colmar, Mulhouse et Wuhan », mais également l’accueil de nombreux touristes chinois « grâce à une émission de télé-réalité qui s’est déroulée dans un restaurant de Colmar et qui a été vue 2 milliards de fois » qui a créé un « effet très attractif sur cette région ». Elle note enfin les nombreux touristes du marché de Noël de Colmar.
Nathalie se rappelle les paroles de l’experte, et s’interroge, « pourquoi personne n’a donné l’alerte avant ? ».
« Et elle m’a dit : ‘mais le coronavirus, il circulait déjà bien avant’. Et moi je me demande, mais pourquoi personne n’a donné l’alerte avant ? C’est nous les premiers qui avons donné l’alerte. Alors qu’est-ce que ça aurait donné si nous n’avions pas donné l’alerte ? »
Fact checking 4 : La Porte Ouverte Chrétienne a suivi les consignes gouvernementales
Le 22 mars, un voisin de l’église publie une photo sur les réseaux sociaux. Sous la légende « inadmissible !!! vraiment c’est incroyable », une nouvelle accusation, la Porte Ouverte maintiendrait ses rassemblements.
Pourtant Nathalie Schnoebelen l’affirme, ces 5 voitures, garées sur un parking qui peut en contenir 450, étaient celles des salariés de l’église, venus sur leur lieu de travail afin de diffuser le culte en ligne, comme l’avait préconisé le sous-préfet.
Mais le mal est fait, et les réseaux sociaux s’enflamment. Thierry Le Gall fait état de propos « calomniateurs, diffamatoires », « voire même d’incitations à la haine à l’encontre de la communauté évangélique au sens large ».
Benjamin se souvient de ce temps difficile.
« C’est dur, ça fait mal quand on l’entend, ça fait mal quand on le lit. Ça m’inquiète pour mes proches, pour mes enfants. Quand je suis à table et que je reçois un coup de fil anonyme et que la personne au bout du fil m’insulte alors que je vois mes enfants manger à côté de moi, c’est quelque chose qui fait très mal. Mais en même temps je prenais pas mal de distance avec ça parce que je comprenais que ces personnes étaient potentiellement des gens qui eux-même souffraient, des gens qui avaient peur, des gens qui avaient perdu des proches, des gens dans le deuil. »
Fact checking 5 : La Porte Ouverte Chrétienne n’a pas répandu la mort
La contre-enquête cite la modélisation statistique et sanitaire transmise au Conseil Scientifique. Jean-François Delfraissy, président de ce conseil explique alors :
« Je vous rappelle que la France aurait pu se trouver à peu près dans la situation de l’Allemagne, et qu’on a eu malheureusement l’épisode de Mulhouse qui a complètement fait disséminer le virus. Sinon on serait probablement dans les conditions de l’Allemagne actuellement. »
Bruno Studer, président de la Commission des Affaires Culturelles et de l’Éducation, interroge Jean-François Delfraissy à ce sujet.
« Monsieur Delfraissy, vous avez dit qu’il y avait une grande hétérogénéité sur le territoire, entre les Régions et la façon dont elles sont touchées par le virus. On a aussi pu beaucoup s’interroger sur la situation comparée entre la France et l’Allemagne et je sais que la presse s’est faite écho d’une modélisation statistique et sanitaire qui a été remise au Conseil scientifique il y a deux jours je crois. Et d’après cette étude, sans le rassemblement religieux ayant eu lieu près de Mulhouse la France connaîtrait finalement une situation proche de celle de l’Allemagne. à savoir quatre fois moins de décès. Comment est-ce que vous accueillez cette étude et qu’est-ce qu’elle peut permettre de dire pour le futur ? »
Le président du Conseil Scientifique répond :
« C’est vrai qu’on a vraiment l’impression que le basculement s’est fait un peu avec l’Oise, mais qu’il était finalement relativement maitrisé. Mais on a vraiment basculé dans autre chose avec Mulhouse. »
Mais Éric Lemaître, socio-économiste et expert en statistiques, précise « qu’il faut toujours contextualiser les informations ».
« Ce type de modèle est en fait péremptoire dans la façon dont il a été exprimé parce qu’il ne s’adosse pas à des enquêtes épidémiologistes auprès de patients infectés. Il manque à ce modèle une collecte d’informations et de données sur le terrain. [...] Quand à l’Allemagne, nous voyons bien que l’Allemagne et la France sont sur des dispositifs politiques sanitaires qui diffèrent. »
La contre-enquête s’appuie ensuite sur un reportage de Brut qui compare l’Allemagne et la France. Il évoque le dépistage massif réalisé en Allemagne après la découverte du premier cas, afin de limiter la propagation du virus. Au moment de cette enquête, entre 300 et 500 000 dépistages y étaient réalisés par semaine, alors qu’en France 20 000 tests sont effectués chaque jour à la fin du mois de mars. En ce qui concerne les hôpitaux, l’Allemagne compte 28 000 lits en soins intensifs dont 25 000 avec respirateur, quand la France en comptait 5000 le 29 mars dernier. Rapporté au nombre d’habitants, « le nombre de lits d’hôpitaux par habitants y est deux fois plus élevé ».
Pour Éric Célérier, cet « empilement de fake-news débouche sur la persécution ».
Vous pouvez voir, ou re-voir ci-dessous cette contre-enquête, qui compte déjà près de 40 000 vues.
La Rédaction
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