Exfiltrée avec 14 orphelins handicapés, une religieuse raconte ses « derniers jours sous les Talibans »

shutterstock_2027614931.jpg

« Ils sont venus frapper à notre porte une fois, violemment, dans les premiers jours de l’occupation.[...] Nous nous sommes cachés, même si nous savions que s’ils défonçaient la porte, nous ne serions pas sauvés, et heureusement après quelques minutes ils sont partis. »

Sœur Shahnaz Bhatti, pakistanaise, travaille pour l’organisation Pro Bambini di Kabul (PBK). Mercredi dernier, aux côtés de trois autres religieuses et du père Giovanni Scalese, elle a pu quitter l’Afghanistan et amener en Italie quatorze orphelins handicapés.

Elle évoque auprès d’Asia News « les jours de terreur » suite à la prise de Kaboul par les Talibans.

« Tout le monde dans la ville était pris de panique et voulait juste partir. En ces jours de terreur, pas une minute ne se passait sans qu’une connaissance n’arrive à demander une lettre de référence au nom de PBK dans l’espoir que cela puisse les aider à quitter le pays ; je les ai préparées mais j’étais consciente qu’elles seraient inutiles, car tous les bureaux sont fermés dans la ville, comme le sont les banques, il y a une paralysie complète. »

Sœur Shahnaz Bhatti raconte l’angoisse lors des raids des Talibans.

« Ils sont venus frapper à notre porte une fois, violemment, dans les premiers jours de l’occupation. Dans la maison il n’y avait que moi et l’autre religieuse qui travaillaient avec moi dans l’école pour enfants handicapés de PBK. Nous avons entendu une forte agitation et les pleurs de certaines personnes devant le portail... Nous nous sommes cachés, même si nous savions que s’ils défonçaient la porte, nous ne serions pas sauvés, et heureusement après quelques minutes ils sont partis. »

La religieuse a eu plusieurs occasions de partir mais a refusé de le faire sans les autres membres de sa communauté. « Nous mourrons ensemble en martyrs », affirme-t-elle, « ou nous serons sauvés ensemble ».

Mais le 24 août, le père Giovanni Scalese lui a annoncé que leur départ était possible. Un bus est venu les chercher de nuit. S’en est suivie une « angoisse indicible ».

« Dans les rues les gens couraient et tentaient de rejoindre l’aéroport, les Talibans tiraient sauvagement en l’air, puis une balle a touché une personne qui est tombée au sol juste devant notre voiture. Enfin. Arrivés à la porte principale, nous avons réussi à passer les postes de contrôle intégristes et à nous mettre en sécurité. Nous avons appris plus tard que les mêmes policiers qui nous escortaient étaient des Talibans, qui ont maintenant tout en main. »

Aujourd’hui encore, en Italie, la religieuse reste traumatisée.

« Même maintenant que je suis ici saine et sauve, chaque fois que j’entends frapper à la porte ou le bruit d’un volet roulant au vent, mon cœur bondit et j’ai peur que quelqu’un vienne me chercher. »

Mais elle pense surtout à ceux qui sont restés en Afghanistan et craint les représailles pour les écoliers et leurs familles. Sœur Shahnaz Bhatti continue actuellement son engagement auprès des réfugiés afghans en Italie et évoque déjà sa volonté de retourner à Kaboul.

« Je peux seulement dire que, si un jour nous avons la chance de retourner à Kaboul, je serai là. »

M.C.

Crédit image : john smith 2021 / Shutterstock.com

Articles récents >

Résumé des articles du 28 novembre 2024

outlined-grey clock icon

Les nouvelles récentes >