Eva Mozes Kor, victime de la barbarie nazie à Auschwitz, choisit de pardonner

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Eva Mozes Kor a reçu la plus haute distinction de l’état de l’Indiana, le Sachem Award. Elle a été récompensée pour le travail qu’elle mène au musée de l’holocauste, qu’elle a fondé, CANDLES. Candles, l’acronyme de Children of Auschwitz Nazi Deadly Lab Experiments Survivor, les enfants qui ont survécu aux expériences dans les laboratoires nazis d’Auschwitz. Le gouverneur Eric Holcomb a estimé que l’excellence de sa vie a honoré l’Indiana.

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Eva Mozes n’a que 10 ans quand elle arrive à Auschwitz. Elle assiste impuissante à la séparation d’avec son père et ses 2 soeurs aînées. Sa mère tient fermement sa main et celle de Miriam, sa soeur jumelle. Un soldat allemand les aperçoit. Il veut savoir si elles sont jumelles. La mère ne sait pas quoi répondre. Est-ce que ça pourrait les sauver ? Est-ce que ça serait bien ? Le SS répond par l’affirmative. Elle répond qu’elles sont jumelles. Eva et Miriam sont immédiatement séparées de leur mère et dirigées vers le docteur Mengele, celui qu’on appelle l’ange de la mort.

« La première fois que je suis allée aux latrines situées à la fin du baraquement, j’ai été saluée par les cadavres de plusieurs enfants sur le sol. Je pense que cette image restera en moi pour toujours. Là, en silence, je me suis engagée solennellement, j’ai fait le voeu que jamais ma soeur et moi nous ne finirions sur ce plancher insalubre. »

Pour Joseph Mengele, les jumeaux étaient un objet d’étude passionnant : transfert d’organes, transfusion, tentative de les transformer en siamois, de changer la couleur de leurs yeux. Eva raconte une des expériences qu’il a mené sur elle :

« On m’a donné 5 injections. Ce soir-là, j’ai eu une très forte fièvre. Je tremblais. Mes bras et mes jambes ont gonflé. Ils étaient énormes. Le docteur Mengele et le docteur Konig, accompagnés de 3 docteurs, sont venus me voir le lendemain matin. Ils ont regardé ma courbe de température. Mengele a dit en riant : « Dommage, elle est si jeune. Elle n’en a plus que pour 2 semaines. »

Eva, luttant contre l’injection mortelle, savait que sa mort entraînerait celle de Miriam. Mengele l’aurait tuée pour faire une autopsie. Mais elle est décidée à vivre.

« J’ai refusé de mourir. Et, pour la seconde fois, j’ai fait le serment de survivre et d’être à nouveau avec ma soeur Miriam. Tout ce qui me restait, c’était ma mémoire. Je rampais sur le sol du baraquement. Je ne pouvais plus marcher. Je rampais jusqu’aux robinets. Je refusais de m’évanouir. Même dans une semi-conscience, je me répétais « Je dois survivre, je dois survivre. » Et c’est ce que j’ai fait. »

Seuls quelques jumeaux ont survécu aux expériences de l’ange de la mort. Eva et Miriam en font partie.

Après la guerre, Eva a vécu avec sa soeur dans un kibboutz, puis elles se sont engagées dans l’armée israëlienne. Eva a ensuite rencontré un américain, survivant des camps de la mort. Ils se sont mariés et sont partis vivre aux Etats-Unis.

En 1995, elle prend une décision qui va bouleverser sa vie. Elle décide de pardonner aux nazis.

« On me demande souvent : « Comment pardonner aux nazis? ». Je réponds toujours par une autre question : « Ai-je le droit d’être libérée de ce qu’ils m’ont fait ? » Bien sûr, tout le monde est d’accord avec ça. Mon pardon est un acte pour me guérir, pour me libérer, pour me rendre mon autonomie. »

Eva a vécu l’horreur dans les camps de la mort. Mais la force du pardon lui a offert le pouvoir de surmonter ce traumatisme.

« C’est un honneur et un privilège de recevoir ce prix. Ma vie est là pour enseigner au monde comment guérir les blessures du passé. »

Quand les uns lui demandent comment pardonner aux nazis, Eva, elle, va plus loin.

Elle reçoit un mail du petit-fils du premier commandant d’Auschwitz, Rainer. Il a pris connaissance de sa démarche de pardon et souhaite absolument la contacter. Quelques temps après,il lui demande de devenir son petit-fils. Il n’a jamais supporté l’adoration que sa famille vouait à son grand-père et à ces actions. Ils se rencontrent, elle accepte.

« Je suis fière d’être sa grand-mère. Je l’admire et je l’aime. Il a besoin de recevoir l’amour d’une famille, celle qu’il n’a jamais eue. »

Eva a subi les atrocités de “l’ange de la mort”. Elle a résolu de ne pas mourir. Elle a tenu bon. Elle est sortie vivante des camps de la mort. Elle a pardonné. Elle est allée jusqu’à adopter le petit-fils de son bourreau. Eva, 83 ans, nous lance un vibrant appel :

« Pardonnez à tous ceux qui vous blessent. Cela vous guérira de l’intérieur et vous rendra libre. »

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M.C.


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