On en parle dans les églises, on le pratique parfois collectivement. Mais a-t-on toujours saisi ce dont il s’agit ? Car le jeûne n’est pas propre aux chrétiens. Les musulmans pratiquent un jeûne partiel avec le ramadan. De nombreuses médecines ou pratiques d’hygiène s’appuient sur le jeûne pour débarrasser le corps de substances ou de cellules qui lui sont néfastes.
Mais comment comprendre le jeûne dans la perspective chrétienne ?
Pour Mike Evans, président de la structure Evangile 21, pratiqué selon les préceptes évangéliques, et avec l’ambition de tout faire pour la gloire de Dieu, « le jeûne échappe au piège d’être du ‘marchandage’ entre deux parties pour devenir une source d’épanouissement et de contentement dans une intimité toujours renouvelée avec le Dieu souverain ».
Le risque d’un jeûne mal compris, en effet, est d’être pratiqué « pour » ceci, au lieu d’être pratiqué « parce que » cela. Ainsi, le pasteur Jason Procopio, de l’Église Connexion (Paris), identifie le fait que « le jeûne et la prière n’ont rien à voir avec des réponses à nos prières, et tout à voir avec les cœurs de ceux qui prient ».
Alors si le jeûne est intimement lié au cœur de ceux qui le pratiquent, cela participe à expliquer pourquoi le Christ, face à un certain démon, a précisé que « cette sorte de démon ne sort que par la prière et par le jeûne ». (Matthieu 17:21)
C’est donc que le jeûne n’est pas qu’une pratique, mais est intimement lié à une attitude de cœur. Faute de quoi, il ne serait qu’un (mauvais) régime amaigrissant.
Quelle est la cause, quel est l’effet ?
D’après Samuel Laurent, psychologue et conseiller biblique : « le jeûne ne manifeste pas notre foi, il contribue à notre foi. Il ne manifeste pas une capacité à se priver, mais renforce notre désir d’être davantage nourri par Dieu. Il est certes désagréable à notre corps, mais nous permet de lutter contre notre Chair. Il n’est pas offert à Dieu, c’est un don de Dieu. ».
De fait, il existe une ambivalence, une sorte d’échange entre ce que le jeûne apporte, et ce que nous apportons dans le jeûne. Alors que, face à une difficulté, à un besoin, à une requête particulière, nous sommes poussés à manifester notre foi par le jeûne, Octavio Sánchez, quant à lui, préfère le vivre ainsi : « nous jeûnons pour la joie de notre âme et pour la gloire de son nom. », invitant à « chérir le donateur plutôt que les cadeaux qu’il nous offre ».
Alors comment vivre pleinement le jeûne ? Comment ne pas passer à côté de ce don offert par Dieu à Ses enfants ? Comment l’accueillir et le pratiquer dans la joie et l’espérance plutôt que dans l’abattement et la privation ?
Ce sont ces points et de nombreux autres qui sont traités dans le livre de John Piper « Jeûner : nourrir notre faim de Dieu par le jeûne et la prière ».
Pascal Portoukalian