Nous avons échangé avec Joël Thibault, aumônier protestant lors des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Pour sa dixième accréditation à des compétitions internationales, il a pu servir les athlètes pendant plusieurs semaines. L'occasion de faire un retour sur son expérience lors des Jeux paralympiques et nous offre des clefs de compréhension sur leurs particularités.
Depuis le 28 août et jusqu’au 8 septembre se déroule à Paris la dix-septième édition des Jeux paralympiques. Près de 4 400 athlètes sont attendus et auront la possibilité de se rendre au village olympique pour pouvoir discuter avec un aumônier de leur choix.
InfoChrétienne : Quelle est la spécificité des jeux paralympiques ?
Joël Thibault : Les Jeux paralympiques sont des Jeux réservés aux sportifs en situation de handicap. Soit dans le handisport soit dans le sport adapté, c’est-à-dire des personnes avec une déficience mentale ou intellectuelle.
L’athlète paralympique n’est pas différent de l’athlète olympique dans ses besoins car il reste un athlète et un être humain à part entière. Ce qui va changer c’est notre manière de parler avec lui. Par exemple, certaines personnes peuvent arriver en fauteuil roulant ou en étant aveugle. Il peut y avoir différents types de situation qui font que la relation peut être différente. Il faut aussi adapter notre mobilier et nos accès par exemple aux personnes en fauteuil.
IC : Quel est votre rôle en tant qu’aumônier ?
JT : De plus en plus, les athlètes paralympiques ont un statut de sportif de haut niveau et de sportif professionnel. De plus en plus vivent également de ce sport, notamment en Europe, Chine, USA etc. Dans des pays où il y a moins de financement, c’est plus compliqué d’en vivre.
Pendant les Jeux olympiques ou les Jeux paralympiques, les demandes sont aussi diverses et variées qu’il y a de sportifs. Certains ne sont venus que le dimanche pour célébrer le culte chrétien car d’autres ont des contraintes de temps et certaines délégations ne veulent pas qu’ils sortent du village pour rester focus sur la compétition. Vivre cette liberté de culte et pouvoir la vivre au sein du village c’est important.
Pour certains, c’était le lieu pour trouver de la tranquillité, de l’écoute pour d’autres c’était pour venir déverser leur fardeau, ou encore s’encourager et faire des rencontres.
IC : L’athlète paralympique a-t-il des besoins spirituels spécifiques ?
JT : Les besoins sont très différents d’un sportif à l’autre. C’est ce qui fait la particularité du sport paralympique : le mélange entre des sportifs nés avec un handicap physique ou mental et d’autres qui ont eu un accident et qui fait qu’aujourd’hui ils sont en situation de handicap.
Il est vrai que certains peuvent passer par des phases d’interrogation et mal vivre leur handicap, notamment dans des périodes d’échecs et de performances. Cela peut amener à des prières où les athlètes demandent à Dieu :
"Pourquoi moi ? Pourquoi suis-je passé par là ?"
Ces fameux “pourquoi” qui les amènent à crier à Dieu et à l’interroger. Je côtoie aussi beaucoup d’athlètes qui ont réalisé que leur situation peut aussi être un moyen de rendre gloire à Dieu et de le remercier car ils ont ce travail. Ils peuvent exprimer un don qu’ils n’auraient peut-être jamais pensé exprimer.
À la fin de notre entretien, Joël Thibaut nous a partagé le témoignage du champion paralympique Daniel Dias "qui a utilisé ses talents pour célébrer Dieu". Une vidéo publiée par PlusQueSportif en 2016 reprend le portrait de cet athlète paralympique né sans mains et sans pieds.
"Beaucoup de gens me demandent : ‘Pourquoi tu souris toujours? Quel est ton secret? Parce qu’avec Jésus dans mon existence, je suis heureux" a-t-il déclaré.
"Mon secret est que je connais le Dieu qui peut faire l’impossible dans notre vie. Le message de Dieu pour ma vie est : Tu es né sans bras et avec une jambe pour montrer ma puissance au monde et ce que je peux faire à travers un humain qui s’engage totalement avec moi"
Mélanie Boukorras