Entre ne faire aucun effort et devenir esclave de son miroir, il y a un équilibre à trouver. Le point avec Valérie Bricard, conseillère en image.
Les récits de la Bible s’attardent sur l’apparence de plusieurs personnes, Rachel, David, Samson ou la reine Esther. Selon vous, pourquoi ?
La beauté fait partie des caractéristiques évidentes de certaines personnes. Par contre, je pense que la beauté de ces personnages était plus que de la simple plastique. C’est l’addition de traits flatteurs et de leur rayonnement qui devait accrocher le regard. Le visage de David devait rayonner lorsqu’il louait Dieu dans un esprit de joie. Je suis ravie que ce genre de détails soit signalé dans la Bible. Quand j’étais enfant, la reine Esther était mon personnage en feutrine préféré. Elle avait de longs cheveux noirs, une cape sur sa robe et un diadème sur la tête. Elle aimait Dieu et elle était belle.
En tant que chrétienne, quelle place donner à l’apparence ?
En lisant la Bible, on constate que Dieu nous invite bien plus à écouter qu’à regarder! La priorité, pour Dieu, est que nous entendions sa parole et que nous la concrétisions par des actes d’amour et d’espérance autour de nous. Dieu nous invite aussi à nous approcher de ce qui est humble, qui n’a rien pour attirer le regard et qui est jugé indigne par la société. On est très loin de la réalité des catalogues !
Toutefois, notre apparence est un point de contact et de communication indéniable avec les autres. Nous sommes vues avant d’être entendues. En admirant la beauté, la diversité et la finesse des fleurs, je me dis que les créatures de Dieu que nous sommes ont une belle marge de manœuvre pour le choix de leurs vêtements !
Comment expliquez-vous que certaines femmes sont très attentives à leur apparence et d’autres moins ?
Il y a pour moi trois facteurs, l’éducation, la période de la vie et la personnalité.
L’identité féminine se construit au sein de la famille. La féminité y est plus ou moins valorisée, complimentée et enseignée par l’exemple : je pense ici à l’harmonie des habits, à la coiffure et au maquillage de la mère et des sœurs.
Ainsi, il est plus évident pour toute une catégorie de femmes de prendre soin de leur apparence, simplement parce que c’est une valeur qui leur a été transmise. D’autres familles valorisent l’être avant tout et posent une connotation négative sur le paraître. Tout signe de sophistication est jugé inapproprié, voire indécent ou malsain. Il est alors plus difficile pour ces femmes devenues adultes de se déculpabiliser et de goûter à la joie de se faire belles !
Faut-il se « faire belle » d’abord pour soi ou pour les autres ?
Pour les deux ! S’habiller pour soi nécessite une estime de soi suffisamment bien ancrée. Certaines femmes ont un rapport facile à leur corps alors que d’autres connaissent un rapport conflictuel avec celui-ci. Certaines imperfections sont traduites par de véritables complexes : signes de vieillissement, sillages de la maternité, surpoids, absence de formes féminines sont autant de raisons qui nous font douter de notre beauté. Le conseil en image aide à porter les coupes de vêtement et les teintes qui mettent en valeur et à dépasser certains freins.
On peut s’habiller pour les autres mais il faut que les motivations soient bonnes. Entrer dans un jeu de séduction permanent, chercher à polariser volontairement les regards sur soi est une forme de manipulation relationnelle dont il faut se garder.
Le regard des autres doit stimuler mais pas obséder. Par amour pour un conjoint, pour ses enfants, par respect pour mes collègues et mes clients, je soigne mon apparence. Si je ne suis pas naturellement coquette ou féminine, je peux « faire un effort » et me mettre à mon avantage, pour faire plaisir à l’homme que j’aime ou aux amis qui m’invitent pour une sortie. C’est une expression d’amour et d’amitié fantastique !
Sandrine Roulet
Retrouvez plus d’articles sur www.spirituelles.info, le magazine qui rassemble les femmes chrétiennes de la francophonie.
Article initialement publié en juillet 2021