En RDC, les églises chrétiennes tentent un dialogue national vers la paix
Alors que depuis quinze jours, le groupe armé M23 et ses alliés rwandais ont pris la ville du Goma, dans le nord-est de la République démocratique du Congo, des Églises catholique et protestante veulent prôner le dialogue et la conciliation en tentant de faire discuter les différentes parties au conflit.
"Transformer les conflits en opportunités de vie", voilà le but du dialogue national lancé par les Églises chrétiennes de République démocratique du Congo, explique Éric Nsenga secrétaire général de l'Église du Christ au Congo (ECC) à RFI.
En lien avec l’Église catholique, ce dialogue national sera ouvert à tous les acteurs du conflit en cours dans l’est du pays, notamment avec les membres du M23. Les églises veulent ouvrir les discussions avec l’Alliance Fleuve Congo, la branche politique du M23. Le gouvernement du président Félix Tshisekedi refuse de parler à ce groupe armé, soutenu par l’armée du Rwanda voisin.
"Il serait en tout cas aberrant, sinon illusoire, de penser à avoir la paix sans inclure tous les acteurs concernés", poursuit Éric Nsenga. Malgré l’annonce d’un cessez-le-feu lundi 3 février, les forces du M23 ont relancé une offensive vers le sud du Kivu et se déplacent vers la ville de Bukavu.
"Environ 2.000 corps ont été récupérés dans les rues de Goma ces derniers jours et 900 corps sont toujours dans les morgues des hôpitaux de Goma. Ce chiffre va probablement augmenter. Et il y a encore beaucoup de corps en décomposition dans certaines zones", témoigne Vivian van de Perre, cheffe adjointe de la mission de l'Onu en RDC.
Les Églises n’ont pas attendu l’accélération du conflit et la prise de la ville de Goma le dimanche 26 février pour prôner le dialogue. Dans un communiqué du 15 janvier, les dirigeants protestants et catholiques du pays ont invité tous les chrétiens et les hommes de bonne volonté à considérer l’année 2025 comme "l’Année de la Paix et du Bien-Vivre Ensemble en RD Congo et dans les Grands Lacs", souligne Vatican News. Craignant une catastrophe humanitaire, ils proposaient alors des pistes pour privilégier les consensus, les partenariats, et les possibilités de développement dans la région.
Les deux Églises ont déjà rencontré le président congolais ce mardi 4 février, avant de lancer le lendemain, leur proposition de dialogue national. "Nous n’arrivons pas à comprendre ce que ces gens ont fait pour mériter un traitement aussi indigne qui dure depuis trois décennies", avait alors déploré le cardinal Fridolin Ambongo.
Selon les estimations du Vatican, le pays compte environ 49% de catholiques, 35% de protestants et de fidèles affiliés aux Eglises de réveil, 10% de kimbanguistes (Église chrétienne née au Congo) et une minorité de musulmans (10%).
Fortes de plus de 100 millions de fidèles, les deux Églises protestante et catholique jouent un rôle politique de premier plan en RDC. En 2023, elles avaient organisé un système de suivi des élections politiques et avaient rendu un rapport critique sur l’élection du président Félix Tshisékédi.
Germain Gratien
