« En Jésus, je sais que la mort ne pourra retenir Lola dans ses filets » : l’homélie de l’évêque d’Arras aux obsèques de Lola

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Les obsèques de Lola, tuée le 14 octobre, ont eu lieu lundi 24 octobre à Lillers (Pas-de Calais). Dans son homélie en hommage à la jeune fille, l’évêque d’Arras, Mgr Leborgne, a exhorté à dépasser la violence et l’abject de sa mort et à se réfugier en Jésus et en ses promesses. 

Plusieurs centaines de personnes sont venues rendre un dernier hommage à Lola lors de ses obsèques qui ont eu lieu lundi 24 octobre à Lillers dans le Pas-de-Calais. Le cercueil blanc orné d’un bouquet de fleurs a été porté à l’intérieur de l’église suivi par ses parents, ses frères, ses proches et une foule d’anonymes dans un silence empli d’émotion.

La cérémonie a été célébrée par l’évêque d’Arras, Olivier Leborgne, à la collégiale Saint-Omer. Dans son homélie, il est revenu sur la mort abjecte de la jeune fille, figure d’injustice.

« ‘Seigneur, si tu existais, ou si tu étais vraiment bon comme certains le disent, Lola ne serait pas morte…’. Il se pourrait que beaucoup parmi nous soient traversés par des réflexions de ce genre et comment ne pas les comprendre. Lola. 12 ans. L’âge des promesses qui commencent à prendre corps, parfois avec enthousiasme, parfois plus douloureusement. C’est aussi l’âge où on commence à comprendre le mal du monde. A ce moment-là, Lola, emportée par la sauvagerie d’un acte qui nous laisse sans voix. Seigneur, si tu avais été là … sentiment d’un rendez-vous dramatiquement manqué. »

Alors, « pourquoi cette violence ? Pourquoi Lola ? Comment cela est-il possible ? », poursuit l’évêque qui ajoute que s’il y a « des réponses à chercher à certaines questions pour comprendre, juger, prendre des mesures, faire la vérité, se relever », beaucoup de questions ne trouveront pas de réponse.

Mgr Leborgne s’est ensuite tourné vers les Evangiles et la promesse de la vie éternelle, citant des paroles de Jésus : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit, même s’il meurt vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais ».

« La foi fait l’expérience d’une présence. Elle n’est pas une réponse, elle révèle une présence. Jusque dans l’odieux et le pire mal du monde. Une présence. La foi chrétienne n’est pas une vague croyance dans l’immortalité de l’âme. Elle est l’expérience déroutante de ce que Dieu ne joue pas notre vie à notre place ni ne nous dépossède de nos responsabilités personnelles, sociales ou politiques. »

Il a affirmé que c’est « cette logique de mort que Jésus vient briser. Celle qui prétend enfermer Lola dans la violence de ce qu’elle a subi et de sa mort ». Car, a ajouté l’évêque d’Arras, en Jésus « la mort ne pourra retenir Lola dans ses filets ». Il a également souligné l’aide apportée par le Christ face à « ce qui nous broie et nous déchire ».

« Jésus plonge dans la mort, dans ce qui nous broie et nous déchire, pour que nous n’y soyons plus seuls, pour que sa présence nous préserve du désespoir et que, dans la grâce de sa résurrection, nous puissions tous ensemble oser l’avenir, et croire aux promesses de la vie. Cela n’enlève rien à la souffrance, cela ne répond pas à bien des questions, voilà pourtant que, malgré le brouillard épais ou la tempête, l’expérience d’un chemin, d’une route qui continue est là, de la vie plus forte, de Celui qui nous y invite. »

Si Mgr Leborgne a ensuite insisté sur le côté indispensable de « la recherche de la vérité et l’exercice de la justice », il a appelé en revanche à ne pas répondre « à la sauvagerie par la sauvagerie ». « Et méfions-nous des formes subtiles de sauvagerie », a-t-il poursuivi, soulignant que « la mémoire de Lola nous interdit » d’agir ainsi.

En conclusion, il a lancé un vibrant appel à suivre Jésus, « celui qui est résurrection et vie, celui qui donne vie, par-delà toute mort et toute violence ».

« ‘Je suis la résurrection et la vie, disait Jésus à Marthe, en lui demandant : crois-tu cela ?’ Osez, je vous le propose, la relation à Jésus au cœur même de l’innommable. Pour vivre. Pour vivre comme Lola voudrait que nous vivions. Pour vivre, et contribuer, chacun pour sa part, à la construction d’une société qui sert la vie. »

Vendredi 14 octobre dans le XIXe arrondissement de Paris, le corps sans vie de l’adolescente de 12 ans a été découvert dans une malle. Le lundi suivant, une information judiciaire a été ouverte pour meurtre sur mineure de moins de 15 ans en lien avec un viol commis avec actes de torture et de barbarie. Selon des sources judiciaires, le parquet a requis le placement en détention provisoire des deux suspects.

Camille Westphal Perrier (avec AFP)


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