En Irlande du Nord, les catholiques en passe de devenir majoritaires

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C’est une première dans l’Histoire de l’Irlande du Nord, marquée par les conflits interreligieux: les catholiques devraient sortir majoritaires du dernier recensement dans la province britannique, dont les résultats sont publiés jeudi, une évolution aux lourdes implications politiques.

L’Irlande du Nord, meurtrie par des décennies de violences intercommunautaires, a vu le jour il y a 101 ans avec un découpage géographique assurant dans cette province une majorité protestante et ainsi le pouvoir aux unionistes, partisans du rattachement avec le Royaume-Uni. Dans le reste de l’île, aujourd’hui la République d’Irlande, les catholiques sont majoritaires.

Les appels pour plus d’égalité entre protestants et catholiques -majoritairement partisans d’une réunification avec la République d’Irlande- ont été l’une des premières sources de violence dans le cadre des « Troubles ». Ces trois décennies de conflit ont fait 3.500 morts et se sont terminées avec l’accord du Vendredi Saint en 1998, qui a établi un partage du pouvoir entre les communautés.

Lors du dernier recensement dans la province en 2011, 45% de la population s’identifiait comme catholique et 48% comme protestant ou autres religions chrétiennes, un écart déjà bien plus mince que dix en plus tôt. En 2001, 53% des habitants se disaient protestants, 44% catholiques.

Si la tendance s’est poursuivie, comme le pensent les spécialistes, les catholiques devraient logiquement dépasser les protestants dans ce nouveau recensement. De quoi remettre rapidement sur la table la question d’un référendum d’indépendance et une réunification de la province avec la République d’Irlande.

Déjà en mai, les nationalistes du Sinn Fein, ancienne branche politique des paramilitaires de l’IRA et partisans d’une réunification, ont remporté pour la première fois les élections locales.

Et si le Sinn Fein est désormais majoritaire à Belfast, les sondages placent aussi le parti en tête des intentions de vote en République d’Irlande, où des élections législatives sont prévues en 2025.

Nouvelles élections ?

En Irlande du Nord, les unionistes tentent de minimiser ce que signifierait une majorité catholique sur l’opportunité d’un référendum d’indépendance. Mais selon l’accord du Vendredi Saint, le ministre britannique en charge de l’Irlande du Nord doit organiser un référendum « si il apparaît probable pour lui qu’une majorité de votants exprimeraient le souhait que l’Irlande du Nord ne fasse plus partie du Royaume-Uni ».

Depuis mai, le principal parti unioniste (DUP) bloque l’exécutif en refusant de partager le pouvoir avec le Sinn Fein tant que les dispositions post-Brexit s’appliquant dans la province ne sont pas modifiées.

Selon le DUP, ces dispositions, qui introduisent de fait une frontière douanière entre l’Irlande du Nord et la Grande-Bretagne, menacent l’intégrité du Royaume-Uni à laquelle les unionistes sont très attachés.

Pour tenter de calmer les tensions, la Première ministre britannique Liz Truss, qui était à l’époque cheffe de la diplomatie, a introduit une loi pour modifier unilatéralement des dispositions de l’accord de Brexit, au risque de se mettre à dos l’Union européenne qui a menacé d’une guerre commerciale.

Dans le même temps, le nouveau ministre britannique en charge de l’Irlande du Nord, Chris Heaton-Harris, a toutefois pressé les unionistes à retourner à l’Assemblée locale d’ici au 28 octobre, faute de quoi de nouvelles élections pourraient être convoquées.

Tandis qu’en Irlande du Nord l’idée d’une réunification gagne du terrain, le gouvernement britannique fait également face aux velléités d’indépendance en Ecosse, où le gouvernement local veut organiser l’année prochaine un nouveau référendum. Le « non » l’avait emporté en 2014 mais le Brexit, auquel étaient opposés en majorité les Ecossais, a relancé le débat.

Selon un étude publiée jeudi par l’institut British Social Attitudes, qui mesure les tendances à long terme dans la société britannique, 52% des Ecossais sont en faveur d’une indépendance, contre 27% en 1999 et 33% en 2014.

La Rédaction (avec AFP)

Crédit image : Shutterstock /Lukassek / cathédrale Saint Eugène à Derry, en Irlande du Nord.

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