
Selon le dernier rapport d’une ONG européenne de défense des droits humains, plus de 160 attaques violentes contre des chrétiens ont été recensées en Inde en 2024. Elle dénonce également les lois anti-conversion, de plus en plus répressives et qui font l’objet d’une application ambiguë, au détriment des chrétiens.
"Un haut responsable politique m’a dit que je passerai 7 années en prison pour avoir donné un faux espoir aux enfants hindous". Bryan Nerren, pasteur américain emprisonné arbitrairement durant sept mois entre 2019 et 2020 a donné son témoignage lors d’un événement parallèle aux Nations unies, à l’occasion de la 58e session ordinaire du Conseil des droits de l'homme à Genève.
Cet événement était organisé le 19 mars 2025 par Christian Solidarity International et par l'ECLJ (European Centre for Law and Justice), qui publie un rapport sur les persécutions subies par les chrétiens en Inde.
Selon ce rapport, en 2024, plus de 160 attaques violentes contre des chrétiens ont été recensées en Inde. Il peut s’agir d’agressions, de saccages d’églises et de réunions de prière, voire même à des violences physiques contre les chrétiens. De plus, entre janvier et septembre 2024, près de 600 célébrations religieuses ont été perturbées par des extrémistes hindous.
À ces violences s’ajoute une persécution plus pernicieuse et moins évidente, celle des lois anti-conversion. Elles ne sont pas nouvelles, la première ayant été votée en 1967. La moitié des États indiens en sont désormais dotés. Elles se justifient, selon leurs auteurs, par la conciliation de la liberté religieuse, garantie dans la Constitution, avec le respect de l’ordre public, de la morale, de la santé publique et d’autres droits fondamentaux.
Or, depuis l’accession au pouvoir du leader nationaliste Narendra Modi en 2014, ces lois se sont durcies. Dernier exemple en date : début mars, dans l’État du Madhya Pradesh, le ministre en chef a annoncé vouloir appliquer la peine de mort aux personnes accusées de "conversions forcées".
La conversion depuis l'hindouisme est mal vue car cette religion est profondément liée à l'identité culturelle et familiale, et changer de foi peut être perçu comme une trahison des traditions ancestrales. De plus, le poids du système des castes renforce cette perception négative.
Mais en réalité, c’est "l’application ambiguë et sélective des lois qui facilite les accusations abusives", poursuit le rapport de l’ECLJ. Ainsi, une aide humanitaire chrétienne peut être considérée comme une incitation à la conversion, une prédication comme une pression illégale ou encore une explication de la Bible à une manipulation fraudeuse.
Cette épée de Damoclès empêche les chrétiens de vivre leur foi au grand jour, mais rien ne semble arrêter cette escalade répressive. Narendra Modi a été réélu pour 5 ans en 2024, et la communauté internationale reste en grande majorité silencieuse, peu encline à se mettre à dos un poids lourd de l’économie mondiale.
Germain Gratien