
Dans l’État du Madhya Pradesh, au centre de l’Inde, le ministre en chef a annoncé vouloir appliquer la peine de mort aux personnes accusées de "conversions forcées". Ces accusations s’appuient sur les lois dites anti-conversion, censées lutter contre les conversions religieuses obtenues par la force ou la fraude. En pratique, ces lois sont souvent détournées pour viser les chrétiens, régulièrement victimes de fausses accusations.
"La conversion religieuse ne sera pas tolérée". Mohan Yadav, ministre en chef du Madhya Pradesh a dévoilé sa véritable ambition en annonçant vouloir modifier la loi anti-conversion de l'État afin de punir capitalement les personnes qui forcent frauduleusement des gens à se convertir, rapporte The Time of India.
"L'État dispose d'une disposition légale pour punir de la peine de mort les auteurs de viols sur mineurs. De même, l'État punira de la peine de mort ceux qui se livrent à la conversion religieuse par des moyens frauduleux", a ajouté Mohan Yodav, selon UCA News. En réaction, le dirigeant du Congrès, Arif Masood, a demandé de préciser ce qui constituait une conversion forcée.
Pour les chrétiens, "il n'y a rien qui s'appelle conversion forcée parce que la conversion se fait dans le cœur... l'allégation de conversion religieuse forcée est une création des partisans de la ligne dure hindoue pour cibler les minorités", a déclaré Daniel John, un leader catholique basé à Bhopal.
Mohan Yadav appartient au parti nationaliste hindou BJP dont est issu également Narendra Modi Premier ministre indien. Au moins une douzaine des 28 États de l'Inde, surtout ceux gouvernés par le BJP, ont adopté ces lois visant à criminaliser les conversions "forcées" ces dernières années.
Ainsi, depuis 2021, la loi anti-conversion du Madhya Pradesh a déjà entraîné des peines de 10 ans d'emprisonnement pour les contrevenants. Pire encore, les cas d’abus de cette loi sont nombreux, et pourraient condamner des chrétiens innocents à la peine de mort.
Par exemple, en 2029, un pasteur protestant a été acquitté des charges retenues contre lui en vertu des lois anti-conversion de l'État indien. La police avait arrêté le pasteur, sa femme et son fils de 6 ans, les avait déshabillés, battus et maintenus en détention sans possibilité de libération sous caution pendant trois jours, pour finalement condamner la famille pour conversion forcée à la foi chrétienne.
Dans l’État du Madhya Pradesh, les chrétiens ne représentent que 0,27 % des 72 millions d’habitants, mais semblent inquiéter les dirigeants nationalistes hindous.
Germain Gratien