
Dans l’est de l’Inde, plusieurs prêtres ont récemment été victimes de violences et de cambriolages. Mais pour la Conférence des évêques catholiques, le mode opératoire ne laisse guère de doute : il ne s’agirait pas de "simples vols", mais bien d’une "manière de persécuter et d’empêcher les activités pastorales".
Le dimanche 8 juin, jour de la Pentecôte, les prêtres de la paroisse de Samsera, dans l’État indien du Jharkhand, ont reçu une visite inattendue. Cinq individus masqués et armés ont fait irruption dans les locaux de l’église catholique, s’emparant de près de 800 000 roupies, soit plus de 8 000 euros.
Au-delà du vol, les prêtres ont été brutalement agressés. Les assaillants ont utilisé des bâtons et des armes, braquant des fusils sur leurs victimes pour les contraindre à scander des slogans religieux sous la menace, rapporte AsiaNews. Les trois prêtres blessés ont été hospitalisés.
Plus au sud, dans l’État d’Orissa, deux autres prêtres – dont l’un âgé de 90 ans – ont été violemment battus lors d’une attaque contre le Carmel Niketan Ashram à Kuchinda Charwachi. Ligotés et bâillonnés, ils ont été roués de coups. Les agresseurs ont emporté 30 000 roupies, ainsi qu’une imprimante et un piano électrique, laissant penser à une attaque à caractère crapuleux. Pourtant, les responsables de l’Église catholique en Inde n’y croient pas.
Mgr Niranjan Sual Singh, évêque de Sambalpur, interroge : "Si le mobile est réellement le vol, pourquoi seuls nos membres du clergé sont-ils attaqués ? J’ai déposé une plainte officielle et écrit aux autorités : la loi doit suivre son cours." Il déplore également le manque de réactivité des forces de l’ordre face à ces violences.
Pour Mgr Vincent Aind, secrétaire général de la Conférence des évêques catholiques d’Inde (CBCI), les choses sont claires : "C’est une manière de persécuter, de troubler et d’empêcher ces communautés d’accomplir leurs devoirs habituels."
Il poursuit : "C’est le signe qu’ils ne tolèrent aucune autre religion, encore moins un geste humanitaire rendu possible par nos bonnes pratiques religieuses. Ce sont différentes tactiques de harcèlement et de violence contre les chrétiens, qui témoignent d’un manque de respect envers la Constitution indienne."
Les chrétiens de l’est de l’Inde, notamment dans les États du Manipur, de l’Assam et du Jharkhand, représentent environ 5 % de la population indienne, soit quelque 73 millions de croyants, selon l’ONG Portes Ouvertes. Durant la période 2022–2023, on a recensé 160 chrétiens tués pour leur foi dans le pays, principalement dans l’est, ainsi que plusieurs milliers d’attaques contre leurs maisons ou leurs lieux de culte.
Germain Gratien