
En Ardèche, une dizaine de religieuses se voue à la prière et au travail au sein de l’abbaye Notre-Dame des Neiges. Mais un projet d’installation d’éoliennes pourrait les pousser au départ.
Depuis 1850, c’est un lieu habité par les prières. Celles des frères trappistes, installés en 1850, puis désormais celles des sœurs cisterciennes de Boulaur, arrivées en 2022 pour remplacer la communauté de moines. Et les religieuses ne manquent pas d’imagination pour faire vivre leur communauté et s’insérer dans le paysage économique et culturel local. Elles ont par exemple lancé une gamme de produits ménagers, mais ont aussi organisé un cani-trail (course où un coureur est relié à son chien par une longe élastique) en juin 2024.
Mais cet élan va peut-être s’arrêter brutalement. Un projet de construction de 6 à 10 éoliennes à quelques centaines de mètres de l’abbaye, qui fête ses 175 ans, est en cours par EDF Renouvelables.
"Ce qui nous préoccupe, c’est la dégradation d’un site exceptionnel aussi bien sur le plan visuel qu’acoustique", explique Mère Anne, supérieure de la communauté, à France 3. Il est évident que les rotations des pales de ces éoliennes, mesurant en général plus de 100 mètres et pouvant générer des nuisances sonores, ne seront pas au goût des personnes venant à l’abbaye pour trouver un lieu de repos et de ressourcement.
Près de 50 000 personnes en 2024 sont venues sur le site de l’abbaye, soit plus de 130 personnes par jour. En perdant cet afflux de visiteurs, l’abbaye ne pourrait plus subvenir à ses besoins et serait obligée de quitter les lieux.
"On n'est pas contre l’éolien ! Le sujet, c’est vraiment l’opportunité de mettre de l’éolien sur un site spirituel", ajoute la religieuse, qui évoque le risque de quitter l’abbaye.
Sollicité par les journalistes locaux, le maire de la commune de Laveyrune a évoqué les retombées économiques pour la commune. Toutefois, le projet est également critiqué par les locaux et les touristes, inquiets de cette nouvelle défiguration des paysages.
Germain Gratien