En Cisjordanie, une église du Ve siècle incendiée : des leaders chrétiens tirent la sonnette d'alarme

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Face à une série d’attaques systématiques visant leur village, leurs terres et leurs lieux saints, trois prêtres chrétiens de Taybeh, dernier village palestinien majoritairement chrétien en Cisjordanie, lancent un cri d’alerte et dénoncent une situation devenue "insoutenable".

Le silence n’est plus une solution. Face aux récurrentes attaques menées dans le village de Taybeh par les colons israéliens, trois prêtres chrétiens ont lancé une alerte.

Le village est victime d’une "série dangereuse d’attaques systématiques", qui ne menacent plus seulement la sécurité locale, mais visent à saper directement la dignité des chrétiens de Taybeh et à effacer leur héritage historique et religieux, est-il expliqué dans un communiqué conjoint.

Les pères Daoud Khoury, Jack-Nobel Abed et Bashar Fawadleh, représentant les Églises latine, grecque-catholique melkite et grecque-orthodoxe dénoncent "avec la plus grande fermeté" une série d’attaques menées par des colons israéliens vivant dans des enclaves aux alentours contre leur village, ses habitants, ses terres agricoles et ses lieux saints.

Et l’élément déclencheur de ce communiqué d’alerte est l’incendie déclenché lundi 7 juillet aux abords du cimetière de Taybeh et de l’église byzantine Saint-Georges (Al-Khader), datant du Ve siècle, l’un des plus anciens édifices religieux de Palestine. Grâce à l’intervention rapide des pompiers et la vigilance des habitants, les dégâts ont été limités. Mais selon les trois prêtres, la situation est devenue "insoutenable".

Outre les incendies, le communiqué évoque les agressions quotidiennes, comme l’habitude prise par les colons de faire paître les troupeaux dans les champs des Palestiniens, causant des dommages sur l’agriculture locale, notamment sur les oliviers.

Ce village de Taybeh est le dernier village palestinien à majorité chrétienne en Cisjordanie. Dans l’Évangile, il est connu sous le nom d’Ephraïm, là où Jésus s’était réfugié avant sa Passion. Ainsi, sa "présence chrétienne, enracinée depuis deux millénaires et préservée avec soin de génération en génération, est aujourd’hui menacée d’effacement par une offensive multiforme : sur la terre, les lieux saints et les personnes", poursuivent les trois responsables religieux.

Fin juin, trois chrétiens de Taybeh avaient été tués dans une attaque des colons. Les trois prêtres terminent tout de même par un message d’espérance :

"Expulser les agriculteurs de leurs terres, menacer leurs églises et assiéger leur village, c’est poignarder le cœur vivant de cette patrie. Pourtant, notre espérance demeure ferme : la vérité et la justice finiront par triompher."

Germain Gratien

Crédit image : Déclaration des prêtres des Églises de Taybeh – Ramallah / Palestine

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