Le chef des talibans et de l’Afghanistan a rendu public un décret sur le port de la burqa pour « les femmes qui ne sont ni trop jeunes ni trop vieilles ».
Samedi, les talibans ont fortement durci les restrictions à la liberté des femmes en Afghanistan. Elles devront désormais porter le voile intégral en présence d’un homme qui ne soit pas un proche membre de leur famille. Et pour ce qui est d’aller à l’extérieur, il est « mieux pour elles de rester à la maison ».
Hibatullah Akhundzada, le chef des talibans et de l’Afghanistan, a rendu ce verdict public lors d’une cérémonie suprême à Kaboul. Selon ce décret, les femmes devaient porter « un tchadri (autre nom de la burqa), car c’est traditionnel et respectueux ». L’Agence France Presse rapporte les propos de Hibatullah Akhundzada selon lequel, pour couvrir intégralement leurs corps et visage en public, ce voile intégral bleu grillé au niveau des yeux serait la meilleure option. Il s’agit, selon lui, de respecter « les recommandations de la charia ».
« Les femmes qui ne sont ni trop jeunes ni trop vieilles doivent voiler leur visage, à l’exception de leurs yeux, selon les recommandations de la charia, afin d’éviter toute provocation quand elles rencontrent un homme. »
Les chefs de familles qui ne feraient pas respecter ce décret seraient d’abord sanctionnés d’un simple avertissement, puis, en cas de récidive, de trois jours de prison, enfin, ils seraient traduits en justice.
Une militante des droits des femmes restée en Afghanistan s’est exprimée auprès de l’Agence France Presse sous couvert d’anonymat.
« L’islam n’a jamais recommandé le tchadri. Les talibans, au lieu d’être progressistes, retournent en arrière. Ils se composent comme lors de leur premier régime, ce sont les mêmes qu’il y a 20 ans. »
Pour la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan, cette décision « va à l’encontre de nombreuses assurances concernant la protection des droits humains pour tous les Afghans » qui ont été données ces dernières années à la communauté internationale par des représentants des talibans.
Depuis leur retour au pouvoir en août 2021, les talibans avaient exigé que les femmes portent au minimum un hijab, un foulard couvrant la tête, mais recommandaient le port de la burqa. Les femmes afghanes sont désormais largement exclues des emplois publics et il leur est interdit de voyager à l’étranger ou sur une longue distance dans le pays sans être accompagnées d’un membre masculin de leur famille. Les filles n’ont plus accès aux collèges et lycées depuis le mois de mars. Femmes et hommes sont séparés dans les parcs publics de Kaboul, où des jours de visites définis pour chaque sexe.
M.C. (Avec AFP)