Prisonnier de guerre en Europe, une arme nazie pointée sur sa tête, le sergent Roddie Edmonds a refusé de révéler lesquels de ses soldats étaient juifs. Sa bravoure a été reconnue cette semaine. Roddie Edmonds est le cinquième américain nommé « Juste parmi les nations » par le Yad Vashem. Il est le seul « juste » à avoir sauvé des juifs américains.
L’histoire de Roddie Edmonds a tardé à être connue car il « préférait ne pas en parler », par modestie, par pudeur peut-être. Il avait choisi de ne pas en parler. Selon son fils, « c’était un homme de foi, il ne se vantait pas ». Tout cela est resté secret jusqu’à ce que la petite-fille de Roddie entreprenne un travail pour le lycée, dans lequel elle devait raconter la vie d’un membre de sa famille.
La jeune fille choisit alors son grand-père décédé en 1985. L’épouse de Roddie met à disposition son journal de guerre. L’adolescente y découvre l’extraordinaire parcours de ce courageux soldat, que son papa, le pasteur Chris Edmonds, fera connaître au monde entier.
Roddie a débarqué à la frontière germano-belge à l’automne 1944. Il commence à rédiger son journal de guerre, qu’il conservera tout au long de sa vie.
« Croyez-moi quand je vous dis que nous avons gardé la tête baissée. Ce n’était pas un pique-nique. »
Le 16 décembre, il part au combat lors de la bataille des Ardennes, mais dès le 19 décembre, la division SS Panzer les entoure et il est fait prisonnier avec tout le régiment 422.
Dans le camp de prisonniers, Edmonds est le plus haut gradé des 1292 soldats captifs. Il est poussé par sa foi et le sens du devoir à garder ses hommes en sécurité et à préserver le moral des troupes. Un mois après sa capture, en janvier 1945, les allemands ordonnent à tous les prisonniers de guerre juifs de se signaler dès le lendemain. Roddie connaissait le sort qui attendaient les juifs placés sous son commandement. Il décide de résister à la directive et ordonne à tous, juifs et non-juifs de se présenter le lendemain matin.
Le lendemain, tous les soldats étaient présents quand le commandant de camp, le Major Siegmann s’est approché d’Edmonds pour qu’il identifie les juifs. Roddie n’a pas cédé.
« Nous sommes tous juifs ici. »
Le commandant a alors placé son pistolet sur la tempe du sergent, avant de répéter l’ordre…
« Selon la convention de Genève, il suffit de donner son nom, son grade et son numéro de série. Si vous me tirez dessus, vous devez tirer sur chacun d’entre nous, et après la guerre, vous serez jugé pour crime de guerre. »
Aucun des soldats rassemblés n’a fait marche arrière ce jour-là, et 200 GI juifs ont été sauvés d’une mort certaine.
Lundi 28 novembre 2016, la Fondation juive pour les Justes a honoré Roddie Edmonds à titre posthume avec un « Yehi Or » (Que la lumière soit), devant certains des GI sauvés.
Le président Harvey Schulweis a noté l’humilité d’Edmonds.
« Au fil des années, nous avons travaillé et honoré de nombreux survivants de l’Holocauste et leurs sauveteurs, mais l’histoire de Roddie Edmonds qui a sauvé 200 soldats juifs américains révèle vraiment l’homme et le chef qu’il était. Bien que nous n’ayons pas eu le privilège de l’honorer de son vivant, nous espérons que ce Yehi Award Ohr montrera la gratitude et la reconnaissance que notre nation a pour ses actions héroïques. »
Chris Edmonds, le fils de Roddie a quant à lui honorer la mémoire de son père par cette déclaration.
« Cette histoire est un appel de clairon à nous aimer les uns les autres, indépendamment de nos choix ou de notre foi. Il s’est tenu contre l’oppression. Il est resté ferme. Il s’est positionné pour l’humanité. »
Dans son journal de guerre il écrivait :
« Il y a beaucoup de choses que je ne vais pas écrire car elles ne sont pas belles. Je sais que Dieu était avec nous et qu’il a répondu à nos prières. »
La rédaction
Source : Times Of Israël