Un bus criblé de balles, des fenêtres brisées, des corps sans vie dans le sable, autour du bus, ou ceux ensanglantés des enfants à la morgue. Voilà les images révélées par la télévision égyptienne. Le groupe Etat islamique s’est engagé à multiplier les attaques contre la minorité copte.
L’extrême vigilance était de mise ces jours-ci en Egypte. Dans des vidéos de propagande, les militants de la branche radicalisée des Frères musulmans revendiquaient des assassinats et invitaient la population à se tenir éloignée de la police, qui pourrait être la cible d’un prochain attentat. Mais ce sont finalement les coptes qui, une fois de plus, ont été visés.
Une soixantaine de coptes dont 40 enfants, se rendaient au monastère de Saint-Samuel. Mina Thabet, chrétien et militant pour les droits des minorités en Egypte raconte :
“L’attaque s’est produite sur une route non goudronnée qui mène à Maghagha. L’un des bus arrivait de Beni Suef, l’autre d’al-Minya. Un troisième véhicule transportant des ouvriers a aussi été pris dans les tirs. Une centaine de personnes sont tombées dans ce guet-apens. Elles se rendaient au monastère de Saint-Samuel pour s’y recueillir tout le week-end dans le cadre d’un voyage organisé, comme cela se fait très couramment en Egypte. [...] L’un des bus transportait uniquement des enfants, seulement trois ont survécu.”
L’évèque Anba Makarios d’al-Minya parle de militants déguisés en militaire qui “sont montés dans le bus et ont tiré à bout portant”.
En représailles, les forces égyptiennes ont frappé des cibles djihadistes. Le président Abdel-Fattah al-Sissi annonce :
“L’Egypte n’hésitera pas à frapper les camps d’entraînement terroristes partout, sur son sol comme à l’étranger.”
Pour les coptes, l’heure est au deuil. Dans la province de Minya, ils accompagnent les corps au cimetière. La foule des hommes scande :
“Par notre âme, par notre sang, nous nous sacrifions pour la croix.”
Les femmes, quant à elle, hurlent leur détresse en se frappant la tête. Bassem Hanna, agriculteur, est venu accompagné de son jeune fils de 8 ans :
“Nous autres, coptes, sommes victimes de conflits qui nous dépassent entre l’Etat et des groupes qui veulent le frapper en s’en prenant à des innocents. Nos vies importent bien peu aux yeux des uns et des autres.”
En avril, deux attentats dans des églises avaient déjà fait 36 morts et de nombreux blessés au sein de cette minorité.
M.C.