Deux chrétiens, emprisonnés sans procès en Égypte depuis 2021 pour des accusations de blasphème, ont été libérés le 25 janvier.
Abdulbaqi Saeed Abdo et Nour Girgis, deux chrétiens emprisonnés depuis plusieurs années ont été libérés le 25 janvier selon des informations relayées par Morning Star News. Abdulbaqi Saeed Abdo, originaire du Yémen et réfugié reconnu par les Nations Unies en raison des persécutions subies dans son pays, a pu rejoindre sa famille au Canada après sa libération. En revanche, Nour Girgis, toujours sous le coup d’accusations, demeure dans un lieu tenu secret pour des raisons de sécurité.
Les deux hommes avaient été arrêtés en 2021 en raison de leur appartenance à un groupe Facebook rassemblant des convertis au christianisme. Une activité perçue comme une menace par les autorités égyptiennes. Abdo avait également attiré l’attention après son intervention sur une chaîne chrétienne où il dénonçait la persécution des chrétiens au Yémen.
Sean Nelson, conseiller juridique de Global Religious Freedom pour Alliance Defending Freedom (ADF) International, qui faisait partie de l’équipe plaidant en faveur des deux prisonniers, a dénoncé cette arrestation arbitraire :
"Il est stupéfiant qu’un homme ait été emprisonné simplement pour avoir été sur Facebook."
Accusés "d’appartenance à un groupe terroriste" et de "mépris envers l’islam", les deux hommes ont été maintenus en détention sans procès, bien au-delà des délais légaux.
Morning Star News précise que les conditions d’incarcération des deux hommes étaient particulièrement éprouvantes. Abdo qui a été placé en isolement prolongé, a notamment été privé de soins médicaux et soumis à une alimentation insuffisante. Il avait adressé une lettre à sa femme et à ses cinq enfants, annonçant son intention de refuser tout traitement médical et d’entamer une grève de la faim en signe de protestation. Un geste qui a attiré l’attention de la communauté internationale.
"Je pense que cela a vraiment galvanisé le soutien international en sa faveur", a affirmé Sean Nelson."Et je pense que partout dans le monde, les gens ont pensé que personne ne devrait avoir à endurer cela à cause de sa foi", a-t-il ajouté.
Une persécution systémique contre les convertis
Cette affaire illustre une fois de plus la répression subie par les chrétiens issus de l’islam en Égypte. Bien que la loi anti-blasphème s’applique en théorie aux trois religions monothéistes, elle vise majoritairement les chrétiens et surtout les nouveaux convertis.
L’Égypte, classée 40e dans l'Index mondial de persécution des chrétiens 2025 de l'ONG Portes Ouvertes, reste un pays où la liberté religieuse est fortement restreinte. L'organisation précise notamment que "les chrétiens d’arrière-plan musulman subissent d’énormes pressions familiales (perte de la garde des enfants…)" et que "la reconnaissance administrative de leur conversion est impossible en pratique".
Camille Westphal Perrier