L’annonce surprise de la démission du Nicola Sturgeon, chef du gouvernement écossais, le 15 février dernier, a permis au ministre Kate Forbes de se placer davantage sous les feux de la rampe. C’est finalement son collègue Humza Yousaf, qui a été choisi, lundi 27 mars, pour diriger le Parti national écossais (SNP) au terme d’une campagne où Forbes a été particulièrement attaquée concernant sa foi chrétienne. Yousaf doit être élu Premier ministre ce mardi.
Sturgeon avait annoncé son futur départ du pouvoir à la suite du veto opposé par le gouvernement britannique à la Gender Recognition Reform Bill, une loi écossaise qui permet aux personnes de définir leur identité de genre sans avis médical dès l’âge de 16 ans. Cette loi aurait par exemple permis à un violeur homme de se déclarer femme. Londres avait bloqué le texte une semaine avant la condamnation médiatisée d’Isla Bryson, un violeur se définissant comme femme et qui aurait dû être enfermé avec des femmes. Surgeon avait finalement cédé et dit que Bryson serait incarcéré avec les hommes, mais le scandale et le veto du gouvernement britannique avaient fragilisé sa position.
Parmi les trois candidats à sa succession à la tête du (SNP) et donc du gouvernement, deux figures ont été particulièrement médiatisées, celles de Forbes et de Yousaf, tous deux membres du Gouvernement Sturgeon. L’une est secrétaire du cabinet chargée des Finances, l’autre est secrétaire de la Santé et des Services sociaux ; l’une affirme sa foi chrétienne et s’oppose aux revendications sociétales en matière d’identité et d’orientation sexuelle ; l’autre s’y dit favorable et s’inscrit dans la veine de la politique du Premier ministre démissionnaire.
Une candidate contestée en raison de ses convictions religieuses
Depuis la candidature de la jeune femme, fille de missionnaires et membre de la Free Church of Scotland, une Église presbytérienne de tendance évangélique, ses convictions morales et spirituelles ont été mises en avant par les médias. Alors qu’elle était considérée comme le successeur de Sturgeon le jour où celle-ci renoncerait, Forbes a soudainement vu sa présentation médiatique se dégrader.
Cinq jours après l’annonce de la démission du Premier ministre, The Scotsman, un média écossais, lui a demandé si elle se serait prononcée pour le mariage gay en 2014 (adopté par 105 voix contre 18), ce à quoi elle a répondu qu’elle ne l’aurait pas soutenu, car c’était une « question de conscience ». Et d’ajouter que toutes les grandes religions considèrent que le mariage est un lien entre un homme et une femme, mais qu’elle respectait la loi et n’entendait pas imposer ses convictions, en citant l’exemple d’Angela Merkel en Allemagne sur ce sujet.
Interrogée par le journaliste quant à une supposée incohérence entre son acceptation de la loi sur le mariage gay alors qu’elle n’avait pas soutenu la loi sur l’identité transgenre face au veto du gouvernement britannique, la candidate à la direction du SNP a répondu préférer une approche collaborative avec Londres « pour apporter les modifications nécessaires afin de permettre [à la loi] de passer. » D’autres médias ont mis en avant ses convictions morales, notamment Sky News qui lui a demandé ce qu’elle pensait du fait d’avoir des enfants hors mariage. Forbes a répondu que ce n’était pas son choix concernant sa propre vie familiale, mais que les autres étaient libres de vivre autrement.
Si la foi de Forbes a été très critiquée et est considérée comme la raison de sa défaite, Shona Haslam, directrice générale de Logos Scotland, un think tank promouvant des valeurs chrétiennes, estime que ce n'est pas le cas. Selon Haslam, qui a dirigé le Scottish Borders Council - un des 32 gouvernements locaux écossais -, les médias ont pu déformer les opinions de la candidate et désinformer les gens quant à l’influence de sa foi sur sa campagne.
Jean Sarpédon