
“La pollution de la zone d’eau près de la plage de Khalaktyrsky a déjà entraîné la mort d’animaux marins et l’empoisonnement de personnes. La nature unique du Kamtchatka, patrimoine naturel mondial de l’UNESCO, est menacée.”
Une “catastrophe écologique” est en cours au Kamchatka, en Russie. On assiste sur ces côtés de l’océan pacifique à un “échouage massif d’animaux marins”. Selon Aleksey Kumarkov, ministre par intérim des Ressources naturelles et de l’Écologie, des échantillons auraient révélé “un excès de produits pétroliers de quatre fois, ainsi que de 2,5 fois le phénol et d’autres substances”.
Environmental disaster happened in Kamchatka.
Experts found an excess of oil products (4 times), phenol (2.5 times) and other substances in water samples. The extent of the pollution has not yet been determined. Greenpeace requires immediate investigation. pic.twitter.com/UNVMQjaumi— Greenpeace Russia (@greenpeaceru) October 3, 2020
La péninsule du Kamchatka est une région volcanique située dans l’extrême orient russe. Ses volcans font partie de la liste du patrimoine mondial de l’humanité. L’UNESCO pointe “un paysage dynamique d’une grande beauté”, mais rappelle aussi que ce site abrite “des concentrations importantes de faune sauvage”.
“L’interaction du volcanisme avec les glaciers actifs forme un paysage dynamique d’une grande beauté. Le site abrite de très nombreuses espèces, dont la plus grande diversité connue de salmonidés, et des concentrations remarquables de loutres de mer, d’ours bruns et d’aigles marins de Stellar. [...] La situation péninsulaire entre une grande masse continentale et l’océan Pacifique lui ont donné ses caractéristiques uniques avec des concentrations importantes de faune sauvage.”
C’est dans ce cadre extraordinaire que se déroule actuellement un “échouage massif des animaux marins”, selon TASS, une des principales agences de presse russes.
Sur les réseaux sociaux, les vidéos de ce drame se multiplient, et les plongeurs dénoncent la situation des fonds marins, “jonchés de cadavres d’animaux marins”. Des surfeurs décrivent au Siberian Times les comportements étranges des phoques :
“Les phoques se comportent comme s’ils étaient en transe. Ils refusent de plonger et restent le plus de temps possible à la surface.”
Берег Тихого океана на Камчатке из-за утечки нефтепродуктов и фенолов усеяли трупы рыб и морских животных.
Превышении допустимых норм по нефтепродуктам почти в 4 раза. Кроме того, ПДК по фенолам в океане превышено в 2,5 раза. Это происходит прямо сейчас СМИ молчат. pic.twitter.com/PGXAkDEBV6— Николай Ляскин (@nlyaskin) October 2, 2020
Des témoins ont également révélé un changement de couleur de l’eau. Des baigneurs évoquent eux des problèmes de vision en sortant de l’eau, ou encore des nausées, vomissements, forte fièvre et maux de tête. Des surfeurs parlent quant à eux d’irritation des yeux et de la peau au contact de l’eau. Des médecins évoquent même des brûlures de la cornée. Selon le Siberian Times, il pourrait s’agir des symptômes d’une intoxication au phénol. Le média ajoute même que le simple fait de rester près de l’eau pourrait avoir un effet toxique.
Deux versions s’opposent pour expliquer ce phénomène. Première version, reprise par l’agence de presse russe Tass, l’empoisonnement de l’eau serait dûe à une fuite de produits pétroliers. La zone étant l’une des routes empruntées par les cargos pétroliers. Leur source affirme :
“Selon des données préliminaires, un pétrolier commercial a suivi la route maritime le long de la plage avec une fuite, qui a été éliminée mais a entraîné un déversement de produits pétroliers contenant du phénol. La propriété du navire n’a pas encore été établie, une recherche est en cours.”
Mais d’autres, comme le Siberian Times, évoquent la présence récente d’une formation militaire dans cette zone. Cette deuxième version s’appuie sur les images satellites partagées par Greenpeace en septembre dernier, faisant état d’une coloration jaune d’une rivière dont les eaux se jettent dans l’Océan Pacifique. Or, le terrain militaire se trouverait en amont de cette rivière.
Un surfeur, Yola_La, explique :
“Nous recevons de nouvelles informations toutes les heures. Tout récemment, nous avons reçu des images satellite de @greenpeaceru de la rivière qui se jette dans l’océan et qui a évidemment tout tué. En amont, il y a un terrain d’entraînement militaire. Sachant comment le système fonctionne et comment ce genre de questions restent sans réponse, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour sauver l’océan et nous défendre contre une catastrophe dans le futur.”
Vasily Yablokov est chef du projet climatique de Greenpeace en Russie. Il en appelle à une “réponse immédiate au problème” mais aussi à la “prévention contre une nouvelle pollution de la côte”.
“La pollution de la zone d’eau près de la plage de Khalaktyrsky a déjà entraîné la mort d’animaux marins et l’empoisonnement de personnes. La nature unique du Kamtchatka, patrimoine naturel mondial de l’UNESCO, est menacée. L’une des meilleures plages de surf de Russie, l’une des principales attractions touristiques de la région met la vie en danger et remet en cause le développement du potentiel touristique de la région. Il est nécessaire de contenir et de prévenir une nouvelle pollution du littoral dès que possible. Identifier la source de pollution et prendre les mesures nécessaires.”
M.C.