Célia a longtemps détesté être une femme et l’explique sans détours : « Pour moi, c’était être faible, souffrir et être mal considérée ».
En effet, elle a vu sa mère se battre pour l’élever seule, pleurer, souffrir, alors que son père n’assumait que difficilement ses responsabilités.
Mais ce n’est pas tout: « Autour de moi, nombre de femmes étaient dans cette situation. Beaucoup subissaient l’infidélité et tout le monde trouvait ça normal. Ça me révoltait ». A douze ans, Célia se fait donc cette promesse : « Je ne me laisserai pas faire. Je n’ai pas le choix d’être une femme, mais au moins, je saurai tenir tête aux hommes ».
Un refus de sa féminité
Du coup, la jeune femme développe un caractère autoritaire, une forte répartie et une bonne maîtrise de l’ironie. Au collège et au lycée, la plupart de ses meilleures amies sont des…amis! Avoir de vraies amies filles lui est difficile.
Ses premières relations amoureuses sont aussi houleuses, car Célia est rebelle à toute forme d’autorité masculine : » Je voulais montrer que j’étais aussi capable, intelligente et libre qu’un homme », détaille-t-elle. Du coup, elle prend beaucoup de place…et ne laisse pas à son ami l’occasion de trouver la sienne. Elle relate avec une dose d’humour : « Je décidais, protégeais, organisais; en fait, je me suffisais presque à moi-même », tout en ajoutant que c’est épuisant.
Une autre réalité la dérange dans sa condition de femme. Du fait de douleurs très vives, Célia vit mal son cycle menstruel. Aujourd’hui, elle sait avoir une maladie gynécologique, l’endométriose, et est suivie médicalement pour cela. Sur le plan spirituel, Célia reproche à Dieu de l’avoir faite femme, tout en lui en voulant, à lui, d’être « un homme » :
« J’avais du mal à aller vers lui car les hommes font souffrir les femmes; je ne pouvais avoir confiance en lui. »
Un cheminement avec Dieu
Se réconcilier avec son identité féminine a été pour Célia un long processus, qui continue encore aujourd’hui. « La première chose que Dieu m’a montrée, c’est que je mettais une énergie folle à rejeter le fait d’être femme et que ça me fatiguait », explique-t-elle. Puis Dieu l’a conduite à se réconcilier avec son histoire familiale et sa culture martiniquaise, où les femmes gèrent beaucoup à la place des hommes. Mais surtout, le Créateur lui a montré qu’il l’avait désirée de toute éternité avant même que ses parents ne la conçoivent :
« Il m’a rappelé qu’il m’avait façonnée et que ce n’est pas un hasard si je suis une femme. Il avait des projets pour moi, et en aucun cas des projets de malheur. »
Célia s’est donc laissé « rééduquer » par Dieu et a découvert ce qu’est « être une femme » pour lui. Dans son cheminement, la lecture de la Bible et d’autres ouvrages, des retraites spirituelles et des enseignements bibliques l’ont beaucoup aidée. Elle a aussi pu observer autour d’elle des femmes qui servaient Dieu tout en se laissant transformer par lui.
Une nouvelle perspective
« Aujourd’hui, je trouve génial d’être une femme. J’ai accepté de laisser s’exprimer ma vulnérabilité, ma sensibilité, voire une certaine douceur que je découvre peu à peu chez moi. »
Elle n’en a pas pour autant perdu son tempérament affirmé, mais elle a compris une vérité essentielle :
« Je ne suis pas appelée à subir le fait d’être une femme, mais à devenir toujours plus la femme que Dieu veut que je sois. »
Cette approche est beaucoup plus reposante! Fiancée depuis quelque temps, la trentenaire apprend à se laisser aimer, conduire, consoler et à donner à son fiancé l’occasion d’être l’homme que Dieu veut qu’il soit…
Sandrine Roulet
Cet article est publié en collaboration avec SpirituElles, le magazine qui rassemble les femmes chrétiennes de la francophonie.
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