Donald Trump décroche la queue du Mickey : un professeur, un singe et un pasteur l’avaient prédit

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« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils le firent », dit Mark Twain. Des sondages isolés donnaient Donald Trump en tête, mais une moyenne ponctuelle ou constante le plaçait derrière Hillary Clinton à la machine médiatique bien huilée et capable d’étouffer quantité de scandales d’État la concernant. A côté des sondages, certains s’essayaient à des prédictions plus ou moins sérieuses. Choisissons en trois, plus ou moins légèrement et sans prendre parti, qui avaient assuré que le trublion Donald obtiendrait la queue du Mickey.

Celui qui a le plus fait parler de lui dernièrement, c’est le Professeur Allan Lichtman, qui enseigne l’Histoire politique à l’American University de Washington et a imaginé au début de l’antépénultième décennie une procédure pour déterminer le nom du vainqueur de la plus suivie des élections fédérales.

A chaque présidentielle depuis 1984, Lichtman prédit avec succès le nom du vainqueur

A chaque présidentielle depuis 1984, Lichtman prédit avec succès le nom du vainqueur à partir d’une méthode examinant toutes les élections entre 1860 à 1980. L’universitaire retient systématiquement treize « clés » presque toutes uniquement relatives au parti dirigeant, lesquelles sont des assertions dont au moins huit doivent s’avérer pour que le mouvement au pouvoir s’y maintienne. Si donc au moins six sont fausses, l’opposition à l’Administration remporte les votes. Les clés portent par exemple sur la survenue ou non d’un scandale majeur durant la présidence du parti au pouvoir, les succès ou les échecs en diplomatie et quant aux expéditions militaires, la contestation ou non du candidat du parti à la Maison-Blanche ou encore sur la présence ou l’absence de charisme des deux principaux candidats. Cette année, Allan Lichtman a prédit la victoire de Donald Trump tout en émettant des réserves, le personnage étant très atypique. Un choix analytique qui porte non pas tant sur les candidats, mais sur le parti au pouvoir, et qui n’est pas le seul à s’être montré juste...

Lui a opté pour le choix sympathique. Il s’agit de Geda, un singe ayant déjà déterminé l’équipe qui remporterait la Coupe d’Europe de football. Le très perspicace primate avait préféré manger la banane déposée sur le drapeau portugais au lieu de celle sise sur l’étendard de l’autre pays en finale, la France. Cette fois-ci, devant trancher entre le candidat donné perdant et sa rivale, il a goulûment embrassé l’effigie du premier, lequel, pour une fois sans casquette, n’arborait pourtant pas de banane en guise de coupe de cheveux. A cinq ans à peine, Geda a vu juste et a donc démontré être un vieux sage.

Le pasteur affirme qu’il a eu une vision au cours de ses trois années, cloîtré en Iran

Enfin, il y a le choix prophétique de ce pasteur soutenu par Donald Trump alors qu’il était retenu dans une geôle en Iran, Saeed Abedini qui a les nationalités américaine et iranienne. En 2013, alors qu’il n’était encore qu’un homme d’affaires, le très peu religieux Trump avait critiqué l’oubli de ce responsable chrétien dans les négociations sur le nucléaire entre Washington et Téhéran et contribué à exposer davantage la situation du prisonnier sur la scène publique, alors qu’il était encore en bons termes avec les médias. Abedini a récemment rapporté que, alors qu’il était en prison, sa femme avait été financièrement soutenue par Trump qui lui avait offert 10 000 dollars alors que la secrétaire d’État, Hillary Clinton, pourtant chargée de défendre les droits des ressortissants américains à l’étranger, encore plus ceux de ses compatriotes injustement détenus, n’avait jamais pris langue avec elle. Mais si Abedini soutient Trump, c’est pour une autre raison qu’il était sûr de la victoire de ce dernier et s’était autorisé à le dire : le pasteur affirme qu’il a eu une vision au cours de ses trois années, cloîtré en Iran, dans laquelle il était assis avec un homme jeune, blond et aux yeux bleus. Bien que les Iraniens soient considérés comme aryens, le jeune homme avec ce phénotype en question n’était pas l’un de ses compatriotes indo-européens, moins clairs, de cette Perse dont il risquait de ne plus sortir, s’il y décédait avant la fin de sa peine, mais, assure-t-il, celui qui allait occuper le Bureau ovale, américain comme Lincoln, Disney ou Buffalo Bill ! Dans la vision qu’il dit avoir eue et qu’il a narrée au Huffington Post, il y a une semaine, une voix lui assura que cet homme dirigerait la nation américaine, et qu’il serait son ami ! Et, en 2015, alors qu’il était toujours dans sa geôle d’Iran, il aurait regardé les candidats aux primaires sur un téléphone portable qu’il dit avoir acheté dans la prison (le journal dit avoir été dans l’impossibilité de vérifier si cela est plausible) et reconnu sur Facebook, alors qu’il regardait le profil des candidats, l’homme de sa vision. Il s’agissait d’une photo de Trump dans sa jeunesse. Précisons que les protestants américains sont partagés concernant Trump dont l’attitude a pu choquer nombre d’entre eux.

Des sondeurs trompés par un effet Bradley inversé

Quoi qu’il en soit, ces prédictions plus ou moins amusantes, plus ou moins sincères, ont trouvé confirmation

Quoi qu’il en soit, ces prédictions plus ou moins amusantes, plus ou moins sincères, ont trouvé confirmation. Alors que la majorité des médias du pays, qui roulaient pour la candidate démocrate, pilonnaient leur Donald préféré et prévoyaient une trempe pour lui, voire se réjouissaient de la chute de ses affaires qui pâtissaient de son image au risque qu’il terminât son chemin comme un tramp (vagabond, en anglais), sur la paille, les mauvais sondages et les insinuations passaient sur lui comme de l’eau sur les plumes d’un canard. Les médias avaient-ils oublié l’effet Bradley, du nom de ce candidat noir censé remporter avec facilité l’élection au poste de gouverneur de Californie en 1982 ? Les sondés avaient majoritairement préféré raconter qu’ils voteraient pour lui, par crainte d’être perçus comme racistes. Cet effet Tom Bradley n’a rien à voir avec celui de Bradley Manning divulguant bien imprudemment des secrets, les électeurs interrogés ont conservé en eux leur choix en faveur du milliardaire, peut-être même dans leurs relations de travail, plus d’un électeur potentiel de Trump en côtoyant un autre sans oser lui dire ce qu’il pensait. Ici, on peut supposer un effet Bradley inversé, les sondés n’osant pas dire ce qu’ils pensaient vraiment du candidat pour lequel ils allaient voter. C’est un aspect de la majorité silencieuse, personne ne sachant vraiment ce que pense l’autre ne lui dit ce qu’il conçoit probablement comme lui. Le Donald était si décrié que revendiquer une préférence pour lui constituait un risque social.

Alors que les places boursières chancellent, la planète finance devra composer avec le quarante-cinquième président qu’éliront les grands électeurs à la mi-décembre. Sauf surprise, le nouveau venu en politique devrait être confirmé et proposer un programme qui déplaît au monde de Wall Street, mais également à une grande partie de la classe politique jusque chez les républicains, surnommés Parti de l’éléphant où lui-même est entré comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, avec sa liberté de ton, préférant financer un tiers de sa campagne de sa propre poche pour ne pas dépendre d’un quelconque lobby. Sera-t-il un tribun ou un vrai capitaine capable de canaliser et filtrer sa parole pour agir au mieux, dernier style qu’il semble emprunter sans souci d’adaptation ? Les élections de mi-mandat du 6 novembre 2018 donneront concrètement le sentiment des électeurs, les éventuelles tensions avec le Congrès majoritairement républicain seront également intéressantes à suivre. Pour l’heure, il discutera avec le Président du Conseil européen, Tusk. Donald Tusk.

Hans-Søren Dag

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