Docteur Mukwege : Nous devons continuer à dénoncer ces crimes atroces avec la même ferveur qu’aux premiers jours

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La journée internationale des Droits de la Femme - initiée à l’origine pour obtenir le Droit de vote, se perpétue chaque année le 8 mars avec un focus insistant sur la prévention des violences psychiques, physiques et sexuelles. Le nombre de victimes n’a hélas pas diminué en 2017.

Le professeur Denis Mukwege, médecin directeur de l’hôpital Panzi (RDC), porte-voix mondialement connu de ce combat est toujours sur le pont pour soigner, dénoncer l’impunité et organiser des réseaux de soutien. Le fait que le célèbre chirurgien soit également pasteur évangélique à Bukavu (chef-lieu de la province du Kivu Sud) interpelle également toute la communauté chrétienne congolaise et internationale, sur le rôle que peut jouer un chrétien - sans séparer les valeurs spirituelles et humanitaires - pour un engagement global au service de toutes les victimes.

Alors qu’il se trouvait au Parlement Européen pour poursuivre son combat pour le droit des femmes, le Dr Mukwege a fait le parallèle entre les atrocités perpétrées en RDC et celles commises par Daech au Moyen-Orient. Il s’est exprimé en ces termes, dans une émouvante vidéo.

“Nous devons continuer à dénoncer ces crimes atroces avec la même ferveur qu’aux premiers jours….
Nous devons continuer à travailler avec acharnement pour rendre la vie des victimes un tout petit peu plus douce.
Nous devons continuer à trouver des solutions innovantes pour prévenir ces crimes.
Nous devons continuer à nous battre pour lutter contre l’impunité des coupables et rendre justice aux survivants.
Nous devons le faire pour la simple et bonne raison, qu’ensemble nous le pouvons.”

 

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Dans la région des Grands lacs...

« Depuis vingt ans, la mort et l’horreur sévissent dans les Kivus. Vingt années de massacres et de viols ont engendré six millions de morts, près de deux millions de déplacés et des centaines de milliers de femmes violées, avec son lot d’orphelins, d’enfants soldats, d’enfants issus de viol et de destins détruits. Aucune famille n’a été épargnée... Une société traumatisée et malade de la guerre et de la violence, de la corruption et de l’impunité, de la manipulation et du mensonge. Pour des raisons de géopolitiques régionales et internationales, et alors que les auteurs de ces atrocités de masse ont été identifiés, peu a été fait pour que la justice soit rendue... Ces millions de victimes dont la vie a été brisée, des familles décimés et des corps féminins détruits à jamais, n’ont pas le sentiment d’être écoutés. Elles n’ont pas le sentiment d’être écoutées, ni par les autorités nationales qui sont censées les protéger, ni par les instances internationales qui, pourtant, se sont dotées d’instruments juridiques pour poursuivre et condamner de telles violations des droits de l’homme et du droit humanitaire. « 
Discours du Dr Mukwege en septembre 2016 à Bruxelles

Et le combat continue et s’exporte...

Ce modèle holistique développé à PANZI (prise en charge globale de la victime sur le plan médical, juridique, psychologique, socio-économique), touche aujourd’hui des dizaines de milliers de survivantes, depuis PANZI vers le Nord Kivu (là où les groupes armés et hors de contrôle sèment toujours la terreur). Des programmes thérapeutiques financés par l’ONU et des bailleurs privés accompagnent les survivantes vers l’autonomie.

Des états, comme la Guinée et le Burkina Faso mettent eux aussi des projets de prise en charge en place,avec l’appui du Dr Mukwege. En 2017, à 30 km de Ouagadougou, à Nakamtenga, une clinique selon le modèle de Panzi est en train de voir le jour .

La tâche est immense. Selon l’ONU, une femme sur 3 a été ou sera victime de violence physique ou sexuelle ; et dans certaines régions du monde, c’est 70% à 80%.

L ‘église de Jésus Christ ne peut rester inerte face à cette situation d’injustice et de souffrance. Rassembler des foules immenses - notamment en Afrique - pour la proclamation de l’évangile et constater sur place que l’église de Jésus Christ ne fait pas la différence, cela laisse un goût amer d’inachevé.

Pierre Yéremian
Consultant formateur pour la Fondation et l’Hôpital PANZI
Président de l’ONG Inter-développement et solidarités à Strasbourg

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Si vous souhaitez organiser une projection avec le film « L’homme qui répare les femmes », n’hésitez pas à prendre contact en MP sur FB : Pierre YEREMIAN ou par mail [email protected].


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