Dimanche sur Présence Protestante (France 2) une émission sur "Dieu, la création et les Polynésiens"
Chaque mois, le 3ème dimanche, les documentaires de Présence Protestante nous font découvrir le monde protestant : témoignages de la grâce de Dieu, portraits de celles et ceux qui la partagent, qui la vivent, qui la font naître.
Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. Jean 1
Maeva, manava, de l'Église de Dieu qui est en Polynésie, à ceux qui ont été sanctifiés en Jésus Christ, appelés à être saints, et à tous ceux qui invoquent en quelque lieu que ce soit le nom de notre Seigneur Jésus Christ, leur Seigneur et le nôtre : que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ ! Soyez, chère lectrice, cher lecteur, les bienvenus parmi le peuple Maohi. Les habitants de Polynésie française vous saluent.
Beaucoup d’entre vous connaissent de nom notre grande île, Tahiti, mais peu ont fait le voyage tant nous sommes loin de l’hexagone. Depuis la métropole, il faut presque deux jours d’avion pour venir nous rencontrer. Nos îles sont en plein Pacifique Sud. La plus grande, Papeete, est à 16 121 km de Besançon. Nos terres de Polynésie française forment un Pays d’Outre-mer (POM) de 5 archipels et 118 îles. Nous nous connaissons si peu…
Ces quelques lignes, auraient pu être écrites par Mitema Tapati, pasteur de l’Église protestante Maohi, l’un des intervenants du documentaire de Julie Clavier, Dieu, la création et les Polynésiens.
Pour se saluer et se rencontrer, il faut adapter nos paroles. « Au commencement était la Parole ». Quelle était cette Parole ? Du Français ? Du Maohi ? Certainement pas. Quelle est cette Parole pour nous ? Comment traduire aujourd’hui, dans mon histoire, ces mots ? Quel sens leur donner ?
Lire la Bible et vivre la Parole de Dieu, c’est, comme le jeune Samuel, se déplacer, trois fois : dans le temps, dans l’espace, et en répondant à l’appel de Dieu.
Dans le temps d’abord : il y a deux mille ans les mots avaient-ils le sens qu’on leur donne aujourd’hui ? Dans l’espace ensuite : les mots Béthel ou de Jérusalem sont-ils transposables à la réalité, par exemple, de Besançon ou d’Issoudun ? Le troisième déplacement est celui de l’appel de Dieu. Prenons l’exemple de la Cène : en Polynésie, il y a peu de blé et peu de vigne. Comment, dès lors, partager le pain et le vin de la Cène pour que cela fasse sens ? Jésus a-t-il demandé que nous buvions du romanée conti ou plutôt du beaujolais nouveau ? Est-il injuste, comme cela se pratique dans certaines églises, de partager du jus de raisin ?
Voici un autre exemple, assez classique, mais qui vaut la peine d’être rappelé : si je lis à mon ami inuit le septième verset du psaume 51 « Lave-moi, et je serai plus blanc que la neige. » Il y a de fortes chances pour qu’il me demande : « De quel type de neige parle ce verset ? » Et si je lis ce même verset à mon autre ami tchadien, il me demandera juste : « Mais qu’est-ce que tu racontes ? »
L’appel de Dieu dans nos vies n’est pas lié à une AOC, à un territoire ou à un climat. Il n’est pas une coutume, ou une pratique culturelle. Il ne se cultive pas mieux sur les berges du Doubs qu’à Bora Bora. « L’amour et la miséricorde de Dieu ne se limitent pas à quelques verres de vin » dit le pasteur Tapati. Il ne connaît ni lieu, ni temps, il ne connaît nous, individuellement, comme Samuel, sans Élie.
Dieu, la création et les Polynésiens nous parle de cela, de cette fine ligne de crête entre application littérale de la Parole de vie et acculturation politiquement correcte aux coutumes et traditions locales. Où faut-il placer le curseur dans le rapport à la terre entre écologie raisonnable et dévotion païenne ? Que faire du rapport aux ancêtres ? Faut-il considérer les défunts avec respect, comme on respecte Abraham, Isaac et Jacob, ou toute créature de Dieu ? Ou faut-il, par crainte d’un rapport malsain aux morts, s’inscrire dans une cancel culture qui couperait toutes racines ?
Dis comme cela, les enjeux semblent clairs. Sur les îles polynésiennes, ils ne le sont pas. Et, à bien y réfléchir, c’est un peu la même chose partout dans le monde.
J’ai été très ému par le premier épisode de la seconde saison de The Chosen. Il s’ouvre et se ferme sur ce magnifique verset de l’évangile de Jean : « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. » La Parole est Dieu. Elle n’est pas un mot, un cépage ou une culture. Elle est celle qui « est ». Pour vivre en nous, elle doit être révélée.
Dieu, la création et les Polynésiens, un documentaire de Julie Clavier, une production À Propos productions et france.tv studio.
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Christophe Zimmerlin, pour Présence Protestante