Un pasteur et une fidèle d’une église de maison de Pékin ont été respectivement condamnés à cinq ans et demi de prison et trois ans et demi de mise à l’épreuve pour avoir imprimé des cantiques et des documents théologiques. La condamnation a été découverte par ChinaAid le 6 juin dernier.
Qin Sifeng est le pasteur de Beijing Lampstand, une église clandestine à Pékin, un mouvement de maison non contrôlé par l’État. Avec Su Minjun, une fidèle, ils avaient décidé de se rendre dans le Yunnan dans un but missionnaire en juillet 2022, à 2 500 kilomètres de la capitale, dans le sud-ouest du pays.
Les deux chrétiens n’ont pas eu le temps d’atteindre le Yunnan, ils ont été arrêtés à environ 400 kilomètres de leur point de départ par la police de Zibo, une ville de la province du Shandong, dans le nord-est de la Chine, le 5 août. Les autorités leur ont signifié qu’ils étaient poursuivis pour “activités commerciales illégales”, car ils avaient imprimé et donné un recueil de cantiques à d’autres chrétiens, sans autorisation. Cette qualification pénale devient de plus en plus courante même pour des impressions de documents sans but commercial, souligne le média chinois Bitter Winter.
Les autorités chinoises interdisent toute activité des églises de maison en dehors de leur région. Même lorsque la liberté religieuse était moins restreinte, les églises de maison n’avaient pas le droit d’agir en dehors de leurs villes.
En raison de la grande distance entre le Shandong dans le nord-est de la Chine et le Yunnan dans le sud-ouest, il semble que Qin et Su fussent surveillés par les autorités.
Présentés au tribunal comme des criminels dangereux
Selon des témoins, les deux accusés ont comparu en avril menottés et les pieds enchaînés comme des criminels endurcis. ChinaAid rapporte que les familles des condamnés ont déclaré que les autorités locales de Zibo avaient été contraintes de rendre un verdict approuvé par des fonctionnaires de haut rang.
Bien que le jugement date du mois d’avril, ce n’est que récemment qu’il a été rendu public. Les tribunaux chinois rendent des verdicts secrets ou ne les publient que des semaines plus tard afin de les exposer le moins possible à la médiatisation et au risque d’être accusés de méconnaître la liberté religieuse.
Seul condamné à une peine d’incarcération, le pasteur Qin reste optimiste et considère sa détention comme une occasion de répandre l'Évangile, selon ChinaAid. L’ONG souligne que de nombreux pasteurs et chrétiens profitent de leur peine de prison pour évangéliser leurs codétenus, avec un certain succès quand ils n’en sont pas empêchés.
Jean Sarpédon