Dans certains pays du Moyen-Orient, la guerre a dicté son horreur et les populations civiles déplacées luttent pour survivre dans des conditions très difficiles. L’idée d’un plan Marshall se fait jour pour reconstruire.
La vie précaire des civils irakiens ayant fait le choix de rester ou de revenir après le départ de Daech, ressemble à de la survie. L’archevêque d’Erbil dans le nord de l’Irak, supervise les soins de milliers de chrétiens déplacés qui ont fui les djihadistes de l’Etat Islamique. Il a annoncé des plans ambitieux pour l’Eglise et les organismes de bienfaisance pour reconstruire leurs villes et villages. Monseigneur Bashar Warda, témoigne :
“Il n’est pas possible que la haine contre les fidèles d’autres religions continue d’être prêchée dans certaines mosquées. Nous avons besoin que des gens donnent un coup de main pour améliorer la vie des chrétiens d’ici. Beaucoup ont perdu l’espérance et la confiance en ce pays, et se font du souci pour leur avenir dans ce pays. Nous devons prier et faire concrètement quelque chose pour que la situation s’améliore et que nous puissions dire aux gens : restez ici, car vous êtes appelés à vivre en témoins. La vie n’est pas facile ici, mais elle est une grande occasion de joie, car c’est un témoignage pour les chrétiens.”
L’ONG catholique, Aide à l’Eglise en Détresse, a initié un mouvement en faveur d’une levée de fonds pour la reconstruction des villages et des infrastructures, afin que les populations déplacées puissent revenir dans leurs villes. Ce plan, inspiré du Plan Marshall initié par les Etats-Unis en 1948, pour reconstruire l’Europe, viserait la reconstruction des lieux de culte chrétiens, précise l’archevêque Warda. Ce dernier, très actif dans l’aide aux populations de la région de Ninive, lance l’idée d’une levée de fonds massive, sur le modèle d’un plan Marshall pour la reconstruction de la région nord ouest irakienne.
Chassés il y a deux ans et demi, il a été très douloureux pour les chrétiens de revenir dans les villages libérés de la domination de l’EI, confiait l’archevêque:
“La profanation et la destruction dans les villages nouvellement libérés était tellement personnelle dans sa haine et sa colère qu’elle a infligé de nouveaux coups profonds, déstabilisants les personnes déplacées lorsqu’elles ont vu leurs maisons, leurs moyens de subsistance et leurs communautés détruits.”
Celui-ci envisageait une « période de transition de deux à trois ans » avant que les populations déplacées puissent retourner du Kurdistan irakien à leurs villes. La ville périphérique voisine de Mossoul a besoin de temps, ainsi que les zones environnantes, pour être pleinement débarrassées des mines et des pièges. Il a ajouté qu’il était également vital qu’ils « évaluent l’état d’esprit du peuple de Mossoul après deux ans et demi sous la domination d’ISIS ». Un travail de réconciliation sera nécessaire pour conjurer les peurs, et les probabilités de vengeance, dans la ville et les zones environnantes.
Le chef de projet d’AED au Moyen-Orient, Fr. Andrzej Halemba, a déclaré que la proportion de chrétiens désireux de retourner dans leurs villages est passée à “plus de 50%”, et que ce nombre “ne cesse d’augmenter”. (Un sondage mené en novembre 2016 auprès de 1200 familles a révélé que moins de 1% des personnes voulaient revenir en arrière.). Le père a confié à l’agence News Zenit:
“Les défis pour les personnes qui veulent retourner, incluent l’appropriation des maisons abandonnées par l’EI, et l’utilisation présumée d’armes chimiques dans la destruction des propriétés des chrétiens, ainsi que la peur persistante d’attaques des extrémistes islamiques.”
Le frère Halemba a déclaré:
« L’AED appuiera, bien sûr, la reconstruction. Cependant, nous devons collaborer avec d’autres organismes de bienfaisance; Seul, il est impossible de gérer cela. »
Dans le même temps, il a déclaré que la communauté internationale doit également s’impliquer dans l’information des “destructions et des actes de persécution violents, de sorte que le sentiment de justice et de paix puisse revenir et contribuer à ce que cela ne se reproduise jamais.”
Autre points importants. ce sont les questions juridiques (par exemple, le droit à la pleine citoyenneté des chrétiens d’Irak, puis le fait que le gouvernement irakien doit être impliqué dans la reconstruction, la création de structures et d’emplois (comme il le fait en payant le salaire des professeurs réfugiés à Erbil). Ce dernier doit également garantir la sécurité des chrétiens dans leurs villages. Au vu de ce que les populations viennent de subir, c’est d’une importance décisive.
Marc Fromager, directeur de l’AED conclut en disant:
«Il y a urgence à développer ce redémarrage de la plaine de Ninive. Ce mois de février est crucial. Nous devons à la fois aider au jour le jour les familles chrétiennes réfugiées, mais aussi reconstruire l’avenir à leurs côtés.”
Rappelons que la somme de 300 000 $ est déjà allouée mensuellement pour le soutien de 13 200 familles irakiennes déplacées, prises en charge par l’église dans le Kurdistan irakien.
La Rédaction
Source : Flickr-CC / ArloRingsmuth