Aux États-Unis, des scientifiques travaillent sur des embryons dont le matériel génétique est mi-humain, mi-animal. Ces embryons sont appelés «chimères». Dans la mythologie grecque, la chimère est une créature hybride formée à partir d’animaux différents (lion, chèvre, serpent).
Les chimères sur lesquelles travaillent les scientifiques sont créées artificiellement en combinant du matériel génétique d’espèces différentes dans un seul embryon. Les animaux adultes qui se développent ensuite ont des cellules très diverses, en fonction des espèces à partir desquelles ils ont été produits.
« Nous ne cherchons pas à faire une chimère juste parce que nous voulons créer une sorte de créature monstrueuse », explique Pablo Ross, biologiste de la reproduction à l’Université de Californie. « Nous faisons cela dans un but biomédical. Nous essayons simplement d’utiliser les technologies que nous avons développées pour améliorer la vie des peuples. »
Plusieurs autres instituts mènent des recherches similaires, notamment l’Intitut Salk d’études biologiques de La Jolla, en Californie, l’Université de Stanford ou encore l’Université du Minnesota.
D’autres scientifiques avertissent que de telles expériences pourraient porter préjudice au sens de l’humanité, rapporte le média NPR. L’institut National de la Santé a imposé un moratoire sur le financement des scientifiques qui travaillent sur les embryons-chimères. Les responsables débattent actuellement sur les questions éthiques que ces recherches soulèvent : « La perspective d’humains-animaux chimères ennuie beaucoup de gens et soulève des questions troublantes au sujet de leur statut moral et juridique. Une chimère humaine-animale aurait-elle des droits humains? Pourrait-elle être brevetée et considérée comme une propriété? Qu’en serait-il si elle était à 99,9 % humaine et 0,1 % chimpanzé ? Ou bien si la situation était inversée? »
« Si vous aviez des porcs avec des cerveaux en partie humains, vous auriez des animaux qui pourraient effectivement avoir la conscience d’un être humain. Ils pourraient même avoir des besoins similaires à ceux des humains. Nous ne le savons pas vraiment », explique Stuart Newman, professeur de biologie cellulaire et d’anatomie au New York Medical College.
Jason Robert, bioéthicien à l’Arizona State University, ajoute: « Dans notre ADN, il y a quelque chose de sacré qui fait de nous des êtres humains. En insérant ce quelque chose dans des animaux, nous donnons peut-être à ces animaux certaines des capacités des êtres humains. Cela pourrait être une atteinte à l’humanité – cela pourrait être comme jouer à Dieu ».
Les membres du parti vert italien Verdi avaient déjà manifesté en 2010 à Munich contre les brevets déposant une technique pour croiser les humains et les animaux. Pourtant la société australienne Amrad a obtenu l’an dernier un brevet concernant les procédés pour cultiver des cellules d’embryons d’êtres humains et d’animaux. Les souris, oiseaux, moutons, porcs, bovins, chèvres et même les poissons pourraient être utilisés pour créer des chimères.
Elodie Crépin
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