Des découvertes archéologiques bouleversent nos connaissances sur la ville de Nazareth à l’époque de Jésus
« Pour la toute première fois, nous acquérons maintenant une compréhension raisonnable du genre d’endroit que Nazareth était à l’époque romaine. »
Le docteur Ken Dark, de l’Université de Reading en Angleterre a publié en février dernier un livre au sujet des récentes découvertes archéologiques au sujet de la Nazareth de l’époque romaine. Pour l’auteur, ces découvertes ont « transformé les connaissances archéologiques de Nazareth à l’époque romaine ».
« Pour la toute première fois, nous acquérons maintenant une compréhension raisonnable du genre d’endroit que Nazareth était à l’époque romaine. En examinant en détail toutes les preuves archéologiques, acquises grâce à de récents travaux d’étude de paysage et à une ré-analyse détaillée des fouilles précédentes, nous commençons maintenant à en apprendre davantage sur l’environnement culturel et économique dans lequel Jésus a grandi. »
L’étude porte sur la comparaison de Nazareth et de Sepphoris, une ville à proximité et révèlent de nombreuses différences. Les résultats ont été repris dans un article du média britannique Independent.
Tout d’abord, les chercheurs ont découvert de très nombreux fragments de bols et de tasses en pierre à Nazareth, contrairement à Sepphoris où il s’agit quasi uniquement de vaisselle brute fabriquée dans le village de Kefar Hananya.
La pierre est considérée comme étant à l’abri de l’impureté rituelle et spirituelle. Dans le deuxième chapitre de l’Évangile de Jean, au moment des noces de Cana, Jésus demande à ce qu’on remplisse d’eau des jarres en pierre. Le verset 2 note qu’elles étaient utilisées pour les purifications des Juifs.
Or il y avait là six jarres de pierre, destinées aux purifications des Juifs et contenant chacune une centaine de litres. Jésus leur dit : « Remplissez d’eau ces jarres ».
L’utilisation d’artefacts considérés comme rituellement purs est le symbole du haut degré de religiosité traditionnelle de la ville.
Autre différence, et probablement l’une des révélations les plus importantes : à Nazareth, les habitants respectaient l’interdiction d’utiliser les excréments humains pour fertiliser les champs. Les archéologues notent d’ailleurs un changement brutal de la stratégie agricole à mi-chemin des villes de Nazareth et de Sepphoris. Cette découverte implique que les habitants de Nazareth considéraient cette forme d’engrais comme impure d’un point de vue rituelle, ce qui suggère qu’ils se rapprochaient des mouvements religieux juifs les plus durs, notamment de la pensée essénienne.
À Nazareth, la vie n’était pas influencée par les cultures grecques et romaines, comme c’était le cas à Sepphoris. La ville était même une zone active contre les Romains. Un réseau de cachettes souterraines et de tunnels qui pouvaient abriter plus de 100 personnes a été mis au jour. Selon les experts, l’influence greco-romaine était là-bas considérée comme une menace directe à la foi.
Au 1er et 2e siècle, Nazareth a d’ailleurs été choisie comme résidence officielle de l’un des grands prêtres du Temple alors que le Temple de Jérusalem avait été détruit. Dans cette ville et les environs, les archéologues ont découvert ce qui est selon eux des tombaux sacerdotaux.
Pour les archéologues, Nazareth n’était pas le petit village de 100 à 500 habitants que l’on pensait, mais bien une ville de 1000 habitants.
M.C.