« Mon fils a été empêché par deux policiers d’entrer dans l’église, et il a été témoin qu’un groupe d’extrémistes hindous a poussé les deux policiers à l’écart et s’est frayé un chemin dans l’église avec des fusils. »
Le 9 janvier dernier, le Madhya Pradesh, État au centre de l’Inde, a adopté la loi anti-conversion la plus stricte du pays. Pour William Stark, directeur régional d’International Christian Concern, « les lois anti-conversion fournissent une couverture légale aux nationalistes pour attaquer les chrétiens et les musulmans indiens en toute impunité ». Et c’est bien d’impunité qu’il est question dans le drame relayé par le média Morning Star News.
Le 7 février, les membres de l’église du village de Bhamdakhapar étaient rassemblés pour le culte quand une foule d’hindous extrémistes les ont pris pour cible. Le pasteur Malsingh Meda raconte :
« Un groupe est entré dans l’église et, verrouillant la porte de l’intérieur, ils ont commencé à m’agresser ainsi que tous les membres masculins, tandis qu’un autre groupe a endommagé tous les véhicules garés devant l’église. Un autre groupe a grimpé sur le toit et a cassé le toit avec de lourdes pierres. Ils ont alors commencé à nous attaquer avec des pierres en les jetant du toit. Ils ont lancé une énorme pierre sur ma femme, et elle y échappé de peu. [...] Je dirigeais le service quand l’un d’eux, portant une arme à feu, est venu me gifler deux fois au visage. Puis un autre homme portant une arme s’est approché de moi et m’a giflé, puis trois autres portant des bâtons de bois sont venus l’un après l’autre et m’ont frappé avec les bâtons. [...] Mon fils a été empêché par deux policiers d’entrer dans l’église, et il a été témoin qu’un groupe d’extrémistes hindous a poussé les deux policiers à l’écart et s’est frayé un chemin dans l’église avec des fusils. »
Il ajoute que les extrémistes s’étaient rendus dans le village de Jambukheda. Armés, ils ont interrogé les fidèles rassemblés et ont fouillé leurs affaires. Selon Morning Star News, « la police suit les assaillants mais ne les arrête pas ».
Et ce sont finalement les pasteurs Meda et Dilipsingh Vasunia, ainsi que 21 autres chrétiens qui sont amenés au poste de police pour être interrogés. Ils seraient soupçonnés de conversion forcée. Sur place, des mères étaient même accompagnées de six enfants, dont certains âgés de quelques mois seulement.
Le pasteur Meda continue de témoigner :
« On leur a demandé s’ils étaient attirés à aller à l’église et quels types d’avantages leur ont été offerts pour devenir chrétiens. Des femmes ont témoigné avec audace comment leurs maris avaient été ivrognes, comment certaines avaient eu des maladies prolongées, comment certaines avaient été possédées par un démon et comment elles avaient été guéries en venant à l’église et en mettant leur foi en Jésus. »
Malsingh Meda explique que lors des interrogatoires, ils pouvaient entendre les cris des extrémistes hindous qui se tenaient devant le poste de police. Un fait confirmé par un chrétien qui explique qu’aux alentours de 20 heures, « environ 300 hommes appartenant aux organisations hindoues avaient encerclé le poste de police ».
Le pasteur Vasunia a été inculpé en vertu de la nouvelle ordonnance anti-conversion 2020 sur les accusations de conversion forcée.
M.C.
Crédit image : Morning Star News