Demain, les diamants seront-ils encore éternels ? [Opinion]

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Imaginez-vous entrer dans un bijouterie pour offrir, ou vous offrir, une belle bague ornée de diamants. Seul hic : s’ils ne sont pas faux, ils ne sont pas vrais non plus. Il s’agit de diamants synthétiques, impossibles à distinguer de pierres naturelles. 

Alors que la production de diamants naturels est appelée à décliner à l’avenir, faute d’avoir découvert de nouvelles mines, le diamant dit de laboratoire, lui ne cesse de gagner du terrain. Quitte à jouer sur les mots, à induire les consommateurs en erreur et à faire vibrer la corde sensible de l’éco-respect.

Pour mieux séduire, ces diamants de synthèse se font bien souvent appeler « diamants de culture ». Un terme qui n’existe pourtant pas dans le droit français. En effet, un décret de 2002 stipule que la mention « synthétique » est obligatoire dès lors qu’il s’agit d’une pierre dont la fabrication est « provoquée totalement ou partiellement par l’homme ». La loi mentionne encore que pour ce type de diamants que « l’emploi des termes : « élevé », « cultivé », « de culture », « vrai », « précieux », « fin », « véritable », « naturel » est interdit. »

Mais, au-delà de leur dénomination, leur premier argument de séduction demeure le prix : 30 à 40% moins cher que le diamant naturel. Ainsi, selon une récente étude OpinionWay pour le collectif Diamant, le prix du « diamant synthétique », plus attractif, sera considéré comme le premier critère d’achat (67%), quand le « diamant naturel » sera recherché pour son authenticité (67%). Mais si les appellations « diamant naturel » et « diamant synthétique » sont bien comprises, celle de « diamant de culture » est réellement ambiguë : à l’entendre, 55% ne savent pas de quoi il s’agit, 34% pensent qu’ils feraient l’acquisition d’une pierre naturelle et 25% qu’ils seraient acquéreurs d’une pierre extraite de la terre !

Mais lequel de ces deux diamants est le plus respectueux de la nature ? Pour obtenir un carat, il faut extraire une tonne de minerai. Mais pour fabriquer un diamant de synthèse, il faut chauffer des réacteurs à 5 500°C pendant trois à quatre semaines. Du coup, n’utiliser que des pierres de synthèse, fabriquées en laboratoire, comme vient de l’annoncer la marque danoise Pandora, est-il si éco-respectueux que cela ? Selon un rapport de 2019 sur l’impact écologique du secteur minier réalisé par Trucost, un diamant naturel d’un carat émet en moyenne 160 kilogrammes de CO2, contre 511 kg pour un diamant artificiel. Un calcul contesté, notamment par le français Courbet, qui a recours à des laboratoires aux États-Unis alimentés en énergie solaire, et Russes alimentés en énergie hydraulique, pour produire ses pierres de synthèse.

Les tenants du diamant de synthèse ne peuvent en tout cas pas se prévaloir d’être plus éthiques : l’ère des « diamants de sang » et des mines à ciel ouvert, aux conditions de travail inhumaines et destructrices de l’environnement, est révolue. En effet, le respect depuis 2002 du processus de Kimberley certifie l’achat de diamants auprès de sources légitimes et leur conformité à des normes spécifiques. De même, le Responsible Jewellery Council (RJC), qui réunit tous les plus grands noms des pierres précieuses, veille au sourcing vertueux des diamants comme de l’or, de la mine à la vente en boutique.

Qui aurait cru un jour que le volume de dioxyde de carbone rejeté pourrait devenir le critère de choix d’une pierre précieuse ? Demain, les diamants seront sans doute toujours éternels mais de moins en moins naturels. Ou plutôt après-demain, car si, en 2020, la production de diamant de laboratoire a atteint 6 à 7 millions de carats (contre 350 000 carats en 2015), le marché des diamants naturels, bien qu’en légère baisse, représente encore, selon les chiffres du cabinet Bain&Company, la bagatelle de 111 millions de carats.

Judikael Hirel 

Source : Les Echos

Cet article est publié à partir de La Sélection du Jour.


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