
L’archevêque anglican Desmond Tutu, figure de la lutte contre l’apartheid en Afrique du sud, est décédé dimanche 26 décembre à l’âge de 90 ans. Ces cendres ont été inhumées le 2 janvier au lendemain de ses funérailles.
Le prix Nobel de la paix et héros de la lutte contre l’apartheid, l’archevêque Desmond Tutu, est mort paisiblement à l’âge de 90 ans le 26 décembre. Samedi, l’Afrique du Sud a salué cette figure emblématique du pays surnommée « The Arch », lors de funérailles sans faste, comme il le souhaitait.
Ces cendres ont été inhumées le lendemain, dimanche 2 janvier dans son ancienne paroisse du Cap. « Les cendres de l’archevêque émérite Desmond Tutu ont été inhumées à la cathédrale Saint-Georges lors d’une célébration familiale privée », a indiqué l’Eglise anglicane dans un communiqué.
Elles reposent désormais devant le maître-autel, sous une pierre gravée en lettres capitales: « Desmond Mpilo Tutu oct. 1931 - déc. 2021 Archevêque du Cap 1986-1996 ».
La veuve du prix Nobel affectueusement appelée « Mama Leah » par les Sud-Africains était présente à la cérémonie organisée à l’aube en l’honneur de cet homme de foi qui disait se lever chaque jour à 04H00 du matin pour être seul avec Dieu.
À l’annonce de son décès, les messages en hommage au dernier héros de la lutte anti-apartheid se sont multipliés.
La mort de Desmond Tutu « est un autre chapitre de deuil dans les adieux de notre nation à une génération de Sud-Africains exceptionnels qui nous ont légué une Afrique du Sud libérée », a déclaré le président sud-africain Cyril Ramaphosa selon Christianity Today. « L’Arche s’est distinguée en tant que champion non sectaire et inclusif des droits de l’homme universels », a-t-il ajouté.
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, l’a décrit comme « une source d’inspiration pour des générations dans le monde entier » et un « guide lumineux pour la justice sociale, pour la liberté et la résistance non-violente ».Le chef de l’ONU a ajouté qu’il laissera « un vide immense sur la scène internationale et dans nos coeurs ».
Joe et Jill Biden, ont eux déclaré avoir « coeur brisé » dans un communiqué avant d’ajouter que « l’exemple » de Desmond Tutu « transcende les frontières et trouvera un écho à travers les âges ».
Tandis que l’ancien président américain, Barack Obama a salué sur Twitter un homme qui était comme « une boussole morale pour moi et tant d’autres. Esprit universel, Mgr Tutu était ancré dans la lutte pour la libération et la justice dans son propre pays, mais également préoccupé par l’injustice partout. Il n’a jamais perdu son sens de l’humour espiègle et sa volonté de trouver de l’humanité chez ses adversaires ».
Archbishop Desmond Tutu was a mentor, a friend, and a moral compass for me and so many others. A universal spirit, Archbishop Tutu was grounded in the struggle for liberation and justice in his own country, but also concerned with injustice everywhere. pic.twitter.com/qiiwtw8a5B
— Barack Obama (@BarackObama) December 26, 2021
Desmond Tutu s’était fait connaître aux pires heures du régime raciste aboli en 1991. Il a organisé des marches pacifiques contre la ségrégation et plaidé pour des sanctions internationales contre le régime blanc de Pretoria. Après l’élection de Nelson Mandela en 1994, il avait été chargé de présider la Commission vérité et réconciliation (TRC). Il espérait que grâce à la confrontation des bourreaux et des victimes, le pays soit en mesure de tourner la page de la haine raciale.
Ses dernières années, son travail pour la justice s’était élargi à d’autres domaines. Il s’était notamment investi dans la lutte contre le sida et la pauvreté ainsi que pour les droits des homosexuels.
Dans un entretien accordé à Christianity Today en 1992, Desmond Tutu avait expliqué que son activisme politique au nom des opprimés était basé sur l’enseignement de la Bible.
« Qu’est-ce que la vraie religion ? Dans Ésaïe 1, Dieu dit : ‘Je n’accepterai pas une religion simplement d’observances extérieures. Si vous voulez vous repentir de tout le mal que vous avez fait, montrez-le en rendant justice - pas seulement à n’importe qui, mais à la veuve, l’orphelin, l’étranger, le plus sans voix des sans voix’. »
Le corps du prélat a été réduit en poussière par aquamation, une nouvelle méthode de crémation par l’eau présentée comme une alternative écologique aux modes de sépulture classiques.
Camille Westphal Perrier (avec l’AFP)