
La dictature du président Daniel Ortega et de sa "co-présidente" et épouse, Rosario Murillo a interdit pour la troisième année consécutive les processions dans les lieux publics à l’occasion de la Semaine sainte.
"La dictature du Nicaragua a interdit les processions dans les rues. Ce qu'ils ne pourront pas empêcher, c'est le Crucifié de révéler sa victoire dans chaque lutte pour la vérité et la justice, dans chaque effort pour défendre la dignité des personnes, et dans chaque acte de solidarité envers les victimes."
Sur le réseau social X, Mgr Silvio José Báez, évêque auxiliaire de l'archidiocèse de Managua au Nicaragua s’est indigné des mesures de répression qui touchent les chrétiens pour la Semaine sainte.
Depuis trois ans, le régime sandiniste interdit les processions religieuses dans les rues, rompant avec une tradition profondément ancrée chez les chrétiens du Nicaragua. Une décision qui s’inscrit dans une politique plus large de répression visant les croyants et les institutions chrétiennes à travers le pays.
"Avant, nous sortions dans les rues et faisions le tour des communautés, mais maintenant ce n'est plus possible. Nous devons le faire à l'intérieur de l'église, ce qui diminue quelque peu la religiosité populaire, car les gens aimaient la procession. Maintenant, nous nous contentons de prier et de lire le chemin de croix", a déclaré au journal Confidencial un paroissien du nom de Marcos, qui travaille dans une église de Managua.
Plusieurs paroisses ont obtenu des dérogations, mais elle restent limitées. "Certaines paroisses ont obtenu une autorisation, mais uniquement pour organiser la procession devant. C'est-à-dire qu'ils sortent, restent dans la rue devant la paroisse pendant un court moment, puis se dirigent en procession vers l'autel principal. Il ne s'agit pas de marcher dans toutes les rues, comme c'était la coutume les années précédentes", a expliqué Martha Patricia Molina, chercheuse et avocate nicaraguayenne en exil au média ACI.
Outre ces mesures, de nombreux paroissiens font état d’intimidations de la part des policiers, entrant souvent armés dans les églises et rédigeant des rapports réguliers sur les activités des différentes paroisses.
En 2024, le gouvernement a déployé environ 4 000 policiers pour empêcher les processions de la Semaine sainte, une pratique courante parmi les églises d'Amérique latine. Selon International Christian Concern, il est probable que des mesures similaires soient prises cette année.
Toutefois, les chrétiens du Nicaragua gardent espoir. "Malgré la persécution religieuse lancée par le régime Ortega contre l'Église au Nicaragua, les catholiques se rendent en masse dans les paroisses du pays en ce début de Semaine sainte", a déclaré le journaliste nicaraguayen Israel Espinoza, exilé en Espagne.
Germain Gratien