« Au début, il y avait surtout des jeunes soldats (russes). Puis, deux semaines plus tard, il y en a eu d’autres. Plus âgés, ils avaient plus de 40 ans. Ils étaient brutaux. Ils ont maltraité tout le monde. Et c’est là que les massacres ont commencé. »
Hier, le président de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky, s’est exprimé devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Il y a affirmé que les crimes de guerre les plus terribles depuis la Seconde Guerre mondiale sont commis dans son pays. Le président ukrainien a dénoncé la destruction délibérée par les Russes des villes ukrainiennes, créant une famine massive, les tirs sur des colonnes de civils en fuite, la destruction des abris pour s’assurer que la plupart des civils soient tués.
Selon lui, le massacre de Boutcha n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de ce que les occupants ont perpétré pendant 41 jours, à Marioupol, Kharkiv et des dizaines d’autres communautés.
Occupée par l’armée russe dès le 27 février, Boutcha est restée inaccessible pendant plus d’un mois. Ce n’est que le 31 mars que les bombardements y ont cessé, permettant le retour, il y a quelques jours, des forces ukrainiennes.
« Je n’oublierai jamais les images terrifiantes de civils tués à Boutcha », a déclaré António Guterres, Secrétaire général de l’ONU, avant d’ajouter, « j’ai immédiatement appelé à une enquête indépendante pour garantir une responsabilité effective ».
Après ces « images terrifiantes », nous parviennent désormais les témoignages des civils de Boutcha, à l’instar d’Olena, restée sur place avec ses deux enfants de 7 et 9 ans, qui a raconté à l’AFP comment des forces russes « brutales », différentes des soldats régulières, ont semé la terreur à Boutcha.
« Il n’y avait pas d’armée ukrainienne en ville, seulement la défense territoriale, composée principalement de gardes d’entreprises locales, sans arme. Et puis ils ont fui. »
Elle explique que si au début les soldats russes étaient jeunes, c’est quand des soldats plus âgés sont arrivés que les massacres ont commencé.
« Au début, il y avait surtout des jeunes soldats (russes). Puis, deux semaines plus tard, il y en a eu d’autres. Plus âgés, ils avaient plus de 40 ans. Ils étaient brutaux. Ils ont maltraité tout le monde. Et c’est là que les massacres ont commencé. Il y avait des bons gars parmi les soldats russes et il y avait des hommes très grossiers, surtout des officiers du FSB (services de sécurité russes, NDLR). Je m’approchais des soldats pour leur demander avec quoi je devais nourrir mes enfants. Et ils nous ont fourni des rations. Ce sont eux qui nous ont dit que c’était le FSB qui nous interdisait de nous déplacer, que c’étaient des forces spéciales très violentes. C’était des Russes qui disaient cela de Russes ! »
Olena explique que seules les femmes avaient le droit de sortir pour aller chercher de l’eau et de la nourriture.
« Nos voisins sont sortis pour aller jeter les poubelles, il était environ 17h00, c’était deux hommes et une femme. L’un des hommes avait servi dans l’armée. Ils ne sont pas revenus. Ils ont été retrouvés par les femmes de notre immeuble, en allant chercher du bois dans la cour d’une maison. Les cadavres gisaient dans le sang sur le sol, avec des traces de balles. »
Samedi, l’AFP a vu à Boutcha les cadavres d’au moins 22 personnes portant des vêtements civils dans des rues de la ville. L’une d’elles était couchée près d’un vélo et une autre avait des sacs à provisions à côté d’elle. Un cadavre avait les mains liées dans le dos.
Selon le maire de Boutcha, Anatoly Fedorouk, 280 personnes ont dû être enterrées par les Ukrainiens ces derniers jours dans des « fosses communes » à Boutcha, le nombre de cadavres s’accumulant.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a évoqué lundi des signes de « falsifications vidéo » et des « fakes » dans les images portées par les autorités ukrainiennes. « A en juger par ce que nous avons vu, on ne peut pas faire confiance à ces images vidéo », a-t-il dit.
M.C. (Avec AFP)