Crise humanitaire en Afghanistan : Des diplomates occidentaux ont rencontré une délégation de talibans à Olso
Une délégation de talibans et des diplomates occidentaux ont débuté lundi 24 janvier à Oslo des discussions centrées sur la crise humanitaire en Afghanistan, où des millions de personnes sont menacées par la faim, a appris l’Agence France Presse auprès du ministère norvégien des Affaires étrangères.
Des responsables talibans qui effectuent leur première visite en Europe depuis leur retour au pouvoir se sont retrouvés autour de la table avec des diplomates occidentaux ce lundi à Oslo pour discuter de la grave crise humanitaire en Afghanistan, la communauté internationale conditionnant la reprise de son aide au respect des droits humains.
Ayant répondu à une invitation controversée du pays nordique, la délégation afghane conduite par le ministre des Affaires étrangères Amir Khan Muttaqi rencontre des représentants des Etats-Unis, de France, du Royaume-Uni, d’Allemagne, d’Italie, de l’Union européenne et de Norvège.
« Tout en cherchant à résoudre la crise humanitaire (...), nous poursuivrons une diplomatie lucide avec les talibans (dictée par) notre intérêt constant pour un Afghanistan stable, respectueux des droits et inclusif », a tweeté dimanche l’émissaire américain pour l’Afghanistan, Thomas West.
Depuis août, l’aide internationale qui finançait environ 80% du budget afghan s’est arrêtée et les Etats-Unis ont gelé 9,5 milliards de dollars d’avoirs de la Banque centrale afghane.
Le chômage a explosé et les salaires des fonctionnaires ne sont plus payés depuis des mois.
La faim menace aujourd’hui 23 millions d’Afghans, soit 55% de la population, selon l’ONU, qui a réclamé 4,4 milliards de dollars auprès des pays donateurs cette année.
L’Afghanistan occupe également la première place de l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2022 publié le 19 janvier par l’ONG Portes Ouvertes. Le pays a récemment vu le niveau de violence à l’égard des chrétiens exploser avec l’arrivée des talibans au pouvoir.
« Les chrétiens qui ne se sont pas fait tuer se cachent, les églises secrètes ne prennent plus le risque de se réunir. Il est devenu encore plus difficile pour les chrétiens de quitter le pays pour sauver leur vie », rapporte l’ONG.
Les talibans disent espérer que les rencontres de ce genre contribuent à apporter de la légitimité à leur gouvernement.
Aucun Etat n’a pour l’instant reconnu le régime des fondamentalistes islamistes chassés du pouvoir en 2001 mais redevenus maîtres du pays en août dernier après une offensive éclair.
La Norvège a souligné que ces discussions « ne constituent pas une légitimation ni une reconnaissance », mais que, face à l’urgence humanitaire, il était nécessaire de « parler aux autorités qui dirigent de facto le pays ».
La communauté internationale attend cependant de voir comment les fondamentalistes islamistes gouvernent, après avoir piétiné les droits humains lors de leur premier passage au pouvoir entre 1996 et 2001.
Nombre d’experts et de membres de la diaspora afghane ont néanmoins critiqué l’invitation faite aux talibans et plusieurs manifestations ont eu lieu devant le ministère des Affaires étrangères à Oslo.
La rédaction (avec l’AFP)