« Crimes contre l’humanité » en Éthiopie ? Des images satellites révèlent des fosses communes près de deux églises d’Aksoum
Un rapport d’Amnesty International révèle les témoignages de 41 survivants et l’analyse d’images satellites faisant état d’enterrements de masse.
Amnesty International vient de publier un rapport intitulé « Le massacre à Aksoum ». Les experts de l’organisation ont interviewé 41 survivants, témoins du massacre de novembre dernier à Aksoum, ville éthiopienne dans la province du Tigré. Les experts dénoncent les « exécutions extrajudiciaires », mais aussi les « bombardements aveugles » et les « pillages généralisés », corroborés par leur analyse des images satellites des lieux, qui révèle des signes de fosses communes près de deux églises de la ville.
Selon Deprose Muchena, directeur d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est et australe, « les preuves sont convaincantes et pointent vers une conclusion effrayante ». Il l’affirme, cela « semble constituer des crimes contre l’humanité ».
« Les troupes éthiopiennes et érythréennes ont commis plusieurs crimes de guerre dans leur offensive pour prendre le contrôle d’Aksoum. Au-delà de cela, les troupes érythréennes se sont déchaînées et ont systématiquement tué des centaines de civils de sang-froid, ce qui semble constituer des crimes contre l’humanité. Cette atrocité figure parmi les pires documentées à ce jour dans ce conflit. Outre la montée en flèche du nombre de morts, les habitants d’Aksoum ont été plongés dans des jours de traumatisme collectif au milieu de la violence, du deuil et des enterrements de masse. »
Amnesty International précise que ces massacres ont eu lieu avant un grand festival chrétien à l’église Sainte-Marie-de-Sion, soit du 19 au 29 novembre 2020, lors de la prise de la ville par les forces éthiopiennes et érythréennes.
Le rapport précise :
« Les morts étaient si nombreux et leurs corps dans un tel état qu’ils ont été enterrés immédiatement, beaucoup sans recevoir de rites religieux, tels que les requiems funéraires et le lavage du corps. Beaucoup ont été enterrés dans des fosses communes, ce qui en soi n’est pas une pratique rare au niveau local. Dans certaines églises, comme Arba’etu Ensessa, Saint-Michel et Abune Aregawi, les tombes ont été creusées dans le sol. Dans d’autres églises, telles que l’église Ende Eyasus (Jésus), les morts étaient placés dans des voûtes existantes. »
L’analyse des images satellites d’Amnesty International est en accord avec les témoignages des survivants et témoins.
« Les images satellites examinées par Amnesty International montrent des sols perturbés dans les complexes d’Arba’etu Ensessa et d’Abune Aregawi dans un laps de temps conforme à ces témoignages. Lorsqu’on leur a demandé de localiser les tombes sur des images satellites plus anciennes du complexe d’Arba’etu Ensessa (qui ne montrait aucun sol perturbé), deux témoins ont indépendamment indiqué les zones qu’Amnesty International avait identifiées comme montrant des sols perturbés sur des images plus récentes. »
Deprose Muchena demande une enquête de l’ONU « de toute urgence » et la poursuite des personnes soupçonnées de « crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité ».
M.C.
Pour en savoir plus sur ce sujet, lire également :
750 morts dans une église au Tigré : Un diacre témoigne du massacre
Au Tigré, 750 personnes tuées dans une église ont été tuées
Tigré : 30 prêtres coptes auraient été tués par des militaires dans une église
Crédit image : lkpro / Shutterstock.com