Corée du Nord : « Je suis un enfant de Dieu et je n’ai pas peur de mourir, alors si tu veux me tuer, vas-y, tue-moi »
Dans une famille, l’un prie sous sa couette pendant que l’autre surveille. Associated Press révèle les témoignages rares de chrétiens en Corée du Nord.
En Corée du Nord, les chrétiens subissent une persécution indicible. Arrestations, torture, emprisonnement, exécution... Selon un rapport de l’USCIRF, « l’approche du gouvernement nord-coréen à l’égard de la religion et des croyances est parmi les plus hostiles et les plus répressives du monde. » Le pays est considéré « particulièrement préoccupant » depuis 2001. Arnold Fang est chercheur à Amnesty International. Il évoque la liberté religieuse en Corée du Nord :
« En réalité, il n’y a pas de liberté de religion. Tout le monde est endoctriné pour considérer la famille Kim presque comme un culte. »
Dans les camps de prisonniers, les chrétiens subissent des « traitements particulièrement durs ». Ils sont incarcérés dans des « zones spécifiques » et sont soumis à des « privations plus sévères ».
Associated Press a pu recueillir de rares témoignages de ces chrétiens qui restent fidèles à Jésus au péril de leur vie.
Lee Hanbyeol est une réfugiée nord-coréenne, elle vit à Séoul. Elle n’a compris que plus tard que son père était chrétien. Il avait été obligé de garder sa foi secrète. En Chine, elle a découvert le christianisme et se rappelle son enfance :
« Je l’ai vu prier plusieurs fois. ... Ma mère a risqué sa vie pour aller en Chine illégalement pour nourrir notre famille. Alors, quand ma mère est partie, il a continué à prier, assis en tailleur et tremblant dans le coin de notre chambre. [...] Je pense souvent à quel point cela aurait été formidable si mon père et moi avions pu prier ensemble tout en se tenant la main. »
Lee est mariée à Peter Jung, sud-coréen. Il est pasteur et s’engage auprès des nord-coréens dans les villes frontalières, en leur proposant des abris, de la nourriture et de l’argent. Mais surtout, en leur parlant de l’Évangile. Peter les encourage à apprendre par coeur des versets bibliques, ou même à emporter une Bible.
Kwak Jeong-ae a 65 ans. Elle a été détenue avec une jeune chrétienne de 23 ans, Hyun Sarah, battue lors d’interrogatoire. Elle raconte sa force.
« Elle a persisté à dire: ‘Je m’appelle Hyun Sarah; c’est le nom que Dieu et mon église m’ont donnée. Elle a dit aux interrogateurs : ‘Je suis un enfant de Dieu et je n’ai pas peur de mourir. Alors si tu veux me tuer, vas-y, tue-moi’. »
Jung Gwangil était lui aussi détenu avec un chrétien dont la foi a résisté coûte que coûte. Il était battu chaque jour, jusqu’à ce qu’il soit transféré ailleurs.
« En partant, il nous a crié: ‘Dieu vous sauvera.’ À ce moment-là, je n’avais jamais rencontré le christianisme et je pensais qu’il était fou. »
Un autre chrétien, JM, raconte comment en prison, il communiquait en écrivant sur les paumes des mains de ses codétenus.
« Nous avons communiqué en écrivant sur nos paumes (avec nos doigts). Je lui ai dit que j’étais chrétien et lui ai demandé s’il l’était aussi. »
HY voulait construire son église et « chanter aussi fort que possible ». Mais elle a été emprisonnée et contrainte de renier sa foi pour un temps. Désormais, elle évangélise, en donnant de l’argent, du maïs, en participant à des funérailles. Elle est soutenue dans son ministère par des financements extérieurs.
« Nous avons chanté des cantiques très doucement, en nous regardant les lèvres. Souvent, je finissais par pleurer. »
Actuellement, des dizaines de milliers de chrétiens sont prisonniers et soumis aux travaux forcés en Corée du Nord.
M.C.
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