"Comment ne pas comprendre la colère du monde agricole ?" : les propositions des Chrétiens en monde rural pour sortir de l'impasse

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L'association Chrétiens en monde rural a publié un communiqué le 1er février sur la crise que connaît actuellement le monde agricole. Un texte qui analyse les causes de la colère des agriculteurs et agricultrices et propose des solutions concrètes pour sortir de l'impasse.

"Un modèle agricole à bout de souffle", c'est le titre d'un communiqué publié le 1er février par l'association Chrétiens en monde rural (CMR). Face à la colère des agriculteurs, l'association "fortement ancrée sur les territoires ruraux" et qui comptent de "nombreux agriculteurs et agricultrices parmi ses membres" analyse les contours de cette crise et propose des solutions. 

1 suicide par jour

Le CMR commence par évoquer la situation difficile que vivent aujourd'hui de nombreux travailleurs agricoles : inégalités, incertitudes croissantes, précarité, désespoir, dettes ou encore perte de sens. Une profession également marquée par un "nombre croissant de suicides" rappelle l'organisation, "on parle de 1 par jour", souligne-t-elle. 

Dans ce contexte "comment ne pas comprendre la colère du monde agricole qui monte aujourd’hui en France et dans d’autres pays européens ?", poursuit l'association. 

Le document propose également une analyse des causes profondes de ces problèmes : un  "système économique, basé sur des accords de libre-échange et leur capacité à exporter partout dans le monde, ce qui appauvrit et fragilise des femmes et des hommes en France et au-delà", "une appropriation, voire une privatisation au profit de quelques-uns, des biens communs universels que sont la terre et l’eau" ou encore "une marchandisation toujours plus importante de l’agriculture" dans un contexte marqué par le réchauffement climatique "qui demande une adaptation inévitable et urgente" des agriculteurs. 

Bien commun

Le CMR écrit vouloir être "force de proposition" afin de "bâtir ensemble une éthique pour une culture agricole et rurale, soucieuse de satisfaire les besoins alimentaires sur tous les territoires, avec une gestion du milieu vivant pour le bien de l’humanité, dans le respect du bien commun, de sa richesse et sa diversité et dans le respect de la dignité des personnes".

L'organisation évoque en outre la responsabilité des consommateurs ainsi que celle des structures agricoles et des pouvoirs publics.

Elle propose ensuite cinq pistes d'actions concrètes, à commencer par la réduction de la "charge administrative trop pesante", proposant que les travailleurs agricoles "définissent eux-mêmes leur cahier des charges avec des mesures adaptées à leur exploitation". Vient ensuite la stabilisation des revenus en faisant notamment respecter la loi Egalim. 

"On a parlé d’assurance revenue mais qu’en est-il à ce jour ? Il y a une loi Egalim que le gouvernement ne fait pas respecter, il y a de la concurrence déloyale avec les importations de denrées produites dans des conditions qui ne sont pas autorisées en France". 

Le CMR propose également la réduction des importations, l'adaptation du régime de retraite pour les agriculteurs, une redéfinition de la place et du rôle de "l'agrofourniture et de l'agroalimentaire" ainsi que d'encourager "l’autonomie des systèmes de production" et "l’accompagnement à la transition écologique et les circuits courts". 

"Comme citoyens, mais aussi comme chrétiennes, chrétiens, comment ne pas nous laisser interpeller par l’Evangile, comment ne pas répondre à l’appel du pape François qui nous demande de prendre soin de 'notre maison commune', de prendre soin des femmes et des hommes qui l’habitent !", conclut l'organisation, réaffirmant "son soutien aux paysannes et paysans, dans leur diversité". 

Camille Westphal Perrier

Crédit image : Shutterstock / Alexandros Michailidis

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