« Ainsi à mesure que le nombre de chrétiens augmenter, voyait-on diminuer celui des enfants voués à la mort ou à un esclavage souvent pire que la mort. »
L‘adoption par le Sénat de New-York du projet de loi permettant l’avortement jusqu’à la naissance continue de remuer les consciences. Et si les chrétiens peuvent en conclure que la fin des temps est proche et que les choses vont aller de mal en pis, il est intéressant de questionner l’histoire et de voir quelle a été l’attitude des premiers chrétiens face à une situation similaire.
Pendant l’Antiquité, il était une pratique enracinée dans la culture : l’exposition. Exposer un bébé, c’était faire le choix de l’abandon pour des raisons économiques ou émotionnelles. Si vous étiez une famille pauvre et que vous n’étiez pas en mesure d’élever ce nouveau-né, vous l’exposiez. Si vous étiez riche, mais que vous ne désiriez pas de fille, vous l’exposiez. Si votre enfant naissait avec un handicap, vous l’exposiez. Il vous suffisait de déposer votre bébé dans un lieu publique et de l’abandonner.
Les récits de l’époque parlent alors de bébés recueillis « dans des fosses à ordures », retrouvés le matin affamés ou « dévorés par les chiens errants ». Blandine Cuny-Le Callet évoque cette exposition dans Rome et ses monstres : naissance d’une conception philosophique et rhétorique.
« Mais les bébés ainsi abandonnés sont la plupart du temps voués à une mort certaine ou - destin peut-être encore pire que la mort - recueillis par des ‘protecteurs’ qui les élèvent pour les vendre comme esclaves ou les prostituer, qui parfois les mutilent pour en faire des ‘mendiants professionnels’ dont l’aspect apitoiera les passants. »
Face à ces « crimes du vieux monde », les chrétiens ont tenu leur rôle de « lumière du Monde », comme l’indique Ernest Semichon in Histoire des enfants abandonnés depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. Il évoque la place des enfants dans la foi chrétienne :
« Et bien d’autres passages que tout chrétien sait par coeur et qui témoignent de l’amour, du respect du Fils de Dieu pour l’enfance. Nous avons vu que les philosophies anciennes ne comprennent ni la femme, ni l’enfant. Il a fallu le flambeau de l’Évangile pour éclairer le monde sur ces points principaux. »
Saint Justin, martyr du 2ème siècle, parlait alors d' »infanticide », notant dans ses Apologies, « qu’il a horreur de cette impiété, et que si les enfants exposés viennent à mourir faute de soins, on se rend coupable d’infanticide. » De même Athénagore, philosophe platonicien devenu chrétien affirme « qu’exposer un enfant, c’est se reprocher sa mort ».
Kirk Walden est rédacteur en chef de Pregnancy Help News. Il insiste sur le rôle de ces premiers chrétiens :
« Les premiers chrétiens, cependant, ont décidé de prendre au sérieux l’enseignement de Jésus pour ‘aimer son prochain comme soi-même’. Ils ont compris - comme dans l’histoire du Bon Samaritain - que ces bébés, laissés à mourir, étaient qualifiés de voisins. Alors, ils sont allés dans ces endroits ou partout où ils pouvaient trouver ces enfants et les ont emmenés chez eux. »
Pour Ernest Semichon, il existe une corrélation entre le nombre de chrétiens et le nombre d’exposition. Il parle de « révolution radicale et immédiate ».
« Ainsi à mesure que le nombre de chrétiens augmentait, voyait-on diminuer celui des enfants voués à la mort ou à un esclavage souvent pire que la mort. »
Kirk Walden explique que les chrétiens ont mené ce combat, « jour après jour » :
« Les actions de ces premiers croyants ont montré au monde cruel et inhumain qui les entoure l’image d’un amour sacrificiel et désintéressé. Ils l’ont fait jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, année après année. »
Et ce, jusqu’à ce que les lois changent. L’Empereur Constantin va se convertir et imposer d’importantes réformes : « des lois, des canons de conciles furent rendus pour protéger les enfants ». En 315, il fit afficher dans toutes les villes et graver sur des tables d’airain cet ordre donné aux officiers :
« Procurer la nourriture et les vêtements à tout enfant apporté par un père ou une mère pressés par l’indigence ; le trésor de l’empire et celui du souverain devraient y pourvoir indistinctement. »
En 331, quand Constantin doit faire concilier les idées chrétiennes aux lois de l’Empire, il recommande alors « aux étrangers de prendre soin des enfants, et invoque l’intervention des prêtres ».
Pour Kirk Walden, face à l’avortement, nous avons la même responsabilité que les premiers chrétiens :
« Parce que si nous croyons que notre travail peut changer une culture tout comme les premiers chrétiens ont changé leur monde, notre pensée change. Les premiers croyants n’avaient aucune idée du résultat de leur travail. Beaucoup sont probablement morts sans savoir que leurs actes d’amour finiraient par sauver des milliers d’enfants. [...] Notre mission ? Continuons à croire que Dieu peut encore travailler chez des gens ordinaires comme nous pour changer de culture. En tant que croyants, agissons selon nos croyances avec des choses comme la foi, l’espoir et l’amour. »
M.C.