Comment j’ai appris à aimer mes règles

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Penser à mes règles me ramène à ce jour fatal où j’ai saigné pour la première fois. Je peux encore sentir ma colère et ma confusion.

Ce ne fut pas pour moi un signe tant attendu de l’âge adulte mais plutôt quelque chose de sale, d’honteux, et de mal venu. Je détestais profondément l’expérience corporelle que je partagerai avec les femmes partout dans le monde, qui allait tellement ponctuer ma vie, apportant avec elle la possibilité de grossesse. Je suis sûr que cela avait été abordé en cours de biologie, mais honteuse et nerveuse, je ne me suis souvenue de rien.

La sociologue Lisa Graham McMinn a écrit :

« La honte et la haine collective des règles que les femmes partagent vient en partie d’une longue histoire qui considère la féminité comme inférieure à la masculinité. De nombreuses cultures considèrent la sexualité féminine non seulement comme dangereuse mais également comme poussant les femmes à être irrationnelles et illogiques. A l’époque victorienne les femmes avaient accepté depuis longtemps que leur féminité était une malédiction à supporter et non quelque chose à célébrer. »

Je réalisais pourtant qu’il n’y avait aucune base biblique pour une telle « condamnation ». En regardant de près à Genèse 3, il apparait que Dieu n’a pas maudit l’homme ou la femme mais le serpent et le sol. La douleur de l’accouchement est venue comme une conséquence de la chute et non comme une conséquence de la malédiction de Dieu. Etant de nos jours plus équipées que jamais pour apprendre sur nos corps, nos hormones et nos cycles, il est temps pour cette soi-disant « malédiction » de prendre fin. Ne serait-il pas mieux de bénir nos corps plutôt que de les maudire et de célébrer enfin le pouvoir unique du corps féminin ?

Dieu a équipé les femmes avec la capacité de porter la vie et de donner naissance mais le don des règles s’étend des années avant et après un accouchement et concerne aussi les femmes qui n’auront jamais d’enfants. Ce cycle des règles nous sert bien au-delà de la reproduction. Les règles nous offrent notre propre calendrier pour notre corps. Plutôt que de nous résigner à être de mauvaise humeur et réactive lorsque notre période mensuelle vient, nous pouvons nous ajuster.

En connaissant nos corps, nous sommes capables d’anticiper lorsque nous avons besoin de recul et de repos au moment de nos règles. Dans les premières semaines de nos cycles, lorsque nous avons davantage d’énergie et de créativité nous pouvons être à fond dans nos activités, nos réunions et nos projets. Nous pouvons utiliser nos cycles à notre avantage.

Il n’y a rien qui ne doive nous empêcher d’avoir une approche fière, forte et positive de nos règles. En Inde, là où les femmes ne peuvent entrer dans les temples lorsqu’elles ont leurs règles des étudiants ont répondu avec le hashtag #HappyToBleed (#HeureuseDeSaigner) qui est devenu viral grâce aux millions de femmes qui rejoignirent le mouvement tout autour du monde.

Cela dit une pensée positive vis-à-vis de nos cycles ne change pas les difficultés de santé de certaines femmes en relation avec les règles et les organes de reproduction. J’ai souvent été fascinée que les évangiles racontent l’histoire d’une femme qui souffrait de saignements depuis 12 ans (Mat 9:18-26, Mc 5:21-40, Lc 8:40-56). Bien que sa pathologie ne soit pas mentionnée, et certainement pas connue, la symptômes de cette femme s’apparente à un syndrome des ovaires polykystiques. Ce problème hormonal, relativement commun, affecte environ 1 jeune femme sur 20 en âge de porter des enfants.

Dans la Bible nous lisons que Jésus, en route pour guérir une petite fille mourante, s’est arrêté pour guérir cette femme à la perte de sang. Elle avait été isolée socialement, physiquement et spirituellement depuis des années à cause de son saignement. Jésus l’a déclarée pure et a pris soin de son saignement.

A cause de la chute, nos corps sont brisés. Pour certaines, nos utérus ne fonctionnent pas comme ils devraient, des femmes souffrent de stérilité, d’endométriose, de déséquilibre hormonal. Malheureusement nous répondons souvent à ces réalités douloureuses par du silence et de la honte. Peut-être qu’étant donné la liberté plus grande que nous avons dans nos sociétés pour parler de nos cycles, nous pouvons être plus ouvertes les unes vis-à-vis des autres pour rechercher ensemble de laisser partir la honte. Au travers de cette communication, nous pouvons nous aider les unes les autres.

La première fois que j’ai eu mes règles, en tant que jeune fille, ce fut une source d’anxiété et d’angoisse. Lorsque mes règles sont revenues, plus d’un an après la naissance de mon premier enfant, je fus capable des les accueillir avec joie. Après mes deuxièmes règles je fut festive durant ma période de règles, comme si j’accueillais un vieil ami qui donnait du rythme à ma vie.

T.S.

Source : Christianity Today

Adaptation du « Livre de la féminité » de Amy F. Davis Abdallah, conférencière et professeure de théologie au Nyack Bible College.


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