Dans une déclaration commune, 27 dignitaires religieux, chrétiens et musulmans, venus de toute l’Afrique, demandent une levée de la dette des pays les plus pauvres à l’occasion du Jubilé 2025. "Il faut annuler les dettes impayables sans mettre en danger la réalisation des objectifs de développement et climatiques", ont-ils demandé.
Appuyée sur la Bible mais aussi sur le Coran, la déclaration de 27 chefs religieux, qu’ils soient évêques catholiques ou anglicans, pasteurs, révérends, imams… s’adressait aux instances internationales. Elle a été signée le 19 juillet, soit une semaine avant la réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G20, le 25 et 26 juillet, à Rio de Janeiro.
Ce sommet international se penchera sur la question de l’état de la dette dans le monde, et c’est à ce sujet que les dignitaires africains ont pris une position forte : ils demandent l’annulation de la dette des pays les plus pauvres.
La déclaration mentionne les difficultés rencontrées par les pays les plus pauvres pour parvenir à leur développement : "guerres et des conflits, la fragilité des systèmes de santé, le changement climatique, la pénurie alimentaire, la pauvreté multiple", ce à quoi il faut ajouter les conséquences dramatiques de la pandémie de covid-19.
Ils incitent les institutions financières à alléger la dette par des principes de prêts et d’emprunts "responsables", et à éviter "l’émergence de nouveaux cycles de dettes inutiles et insupportables".
Conscients de l’impact des dérèglements climatiques sur les pays les plus pauvres, les leaders religieux ont estimé que "les pays en développement endettés ne devraient pas être laissés seuls à supporter les coûts des catastrophes liées au climat, des pandémies et d’autres événements indépendants de leur volonté".
Cette requête n’est pas nouvelle. Dans sa bulle d’indiction du Jubilé, le Pape François implore les nations les plus riches de "remettre les dettes des pays qui ne pourront jamais les rembourser". Les 17 responsables religieux prennent aussi pour exemple le précédent jubilé, celui de l’an 2000, au cours duquel les institutions financières internationales et les pays du monde entier avaient trouvé 130 milliards de dollars pour alléger la dette des pays africains.
Enfin, l'idée a été inspirée par le Jubilé prévu dans la Bible tous les 50 ans dans le pays de l’ancien Israël, que l'Église catholique célèbre tous les 25 ans comme un temps de renouveau spirituel dédié au pardon et à la réconciliation avec Dieu et les autres.
Dans la tradition hébraïque, après 49 années de déroulement normal de l’activité économique, les hommes rentrent dans leurs droits initiaux de propriété : les dettes sont annulées, les esclaves hébreux sont affranchis, les terres sont redistribuées et une année de repos est proclamée.
Jean-Benoît Harel