Des responsables du gouvernement fédéral éthiopien et des autorités rebelles de la région du Tigré discutaient lundi à Nairobi des modalités du désarmement des troupes rebelles, prévu par l’accord de paix signé le 2 novembre, selon des journalistes de l’AFP.
Cet « Accord pour une paix durable via une cessation permanente des hostilités » est censé mettre fin à la guerre qui oppose depuis novembre 2020 dans le nord de l’Ethiopie les rebelles tigréens à l’armée fédérale éthiopienne et ses alliées : l’armée de l’Erythrée voisine et des forces et milices des régions frontalières du Tigré.
Comme le prévoit l’accord, les « commandants en chef » doivent lundi à Nairobi « discuter et élaborer les modalités détaillées de sa mise en œuvre, notamment les questions du désarmement », a rappelé dans un communiqué l’Union africaine (UA), médiateur des pourparlers tenus à Pretoria pendant neuf jours.
La réunion débouchera aussi sur une « feuille de route pour un accès immédiat de l’aide humanitaire et le rétablissement des services dans la région du Tigré », poursuit l’UA.
Le maréchal Berhanu Jula, chef d’état-major des Forces armées éthiopiennes (ENDF), et le général Tadesse Worede, commandant en chef des forces rebelles du Tigré, mèneront les discussions, ont indiqué les négociateurs en chef des deux camps lors d’une conférence de presse à Nairobi.
« Les dirigeants politiques ont signé l’accord, mais nos chefs militaires vont ouvrir la voie à une mise en œuvre rapide », a assuré à la presse Redwan Hussein, conseiller à la Sécurité nationale du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed.
« Le plus important est de fournir de la nourriture et des médicaments à la population » du Tigré, « pour cela nous attendons que le général et le maréchal nous disent que la voie est libre », a-t-il ajouté, indiquant attendre un accord « aujourd’hui ».
Le Tigré est largement privé depuis plus d’un an de services de base (électricité, télécommunications, banques, carburant...) ainsi que d’aide humanitaire depuis la reprise des combats le 24 août, après cinq mois de trêve qui avaient permis une reprise progressive de l’acheminement d’assistance.
Getachew Reda, chef négociateur des autorités rebelles du Tigré, a lui aussi indiqué qu’il appartenait « à Tadesse et Berhanu d’imaginer comment mettre en œuvre l’accord » et « faire en sorte que nous continuions à cesser le feu et bien sûr à faire taire les armes pour toujours ».
« Faire en sorte que des médicaments soient rapidement disponibles améliorera la confiance entre nous », a-t-il ajouté.
Le nord de l’Ethiopie reste inaccessible aux journalistes et il est impossible de vérifier si les armes s’y sont réellement tues depuis l’accord.
Des enquêteurs de l’ONU ont accusé Addis Abeba de possibles crimes contre l’humanité au Tigré et d’utiliser la famine comme arme de guerre, ce que les autorités éthiopiennes ont démenti.
Le bilan du conflit, marqué par d’innombrables exactions commises par les deux camps et qui se déroule largement à huis clos, est inconnu, mais l’International Crisis Group (ICG) et Amnesty international (AI) le décrivent comme « un des plus meurtriers au monde ».
La Rédaction (avec AFP)