« C’est un jour de résurrection pour nous » : Acquittement d’Imran Ghafur Masih, chrétien accusé de blasphème en 2009

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« C’est un jour de résurrection pour nous. Dieu a entendu notre cri et nous lui en sommes très reconnaissants, c’est un cadeau de Noël pour nous ».

Imran Ghafur Masih a passé onze années de sa vie en prison au Pakistan. Onze années au cours desquelles son père et sa mère sont décédés sans qu’il ait pu les revoir. Onze années pour avoir été injustement accusé de blasphème. Mais après 70 reports d’audience, ce chrétien vient d’être acquitté par la Haute Cour de Lahore.

« C’est un jour de résurrection pour nous », a déclaré son frère Naveed Masih, en ajoutant « Dieu a entendu notre cri et nous lui en sommes très reconnaissants, c’est un cadeau de Noël pour nous ».

Nadeem Anthony, qui avait dirigé une mission d’enquête de la Commission des droits de l’homme du Pakistan en 2010, est revenu sur cette affaire auprès de UCA News :

« Ghafur était un homme d’affaires prospère qui tenait une boutique au marché. Son voisin musulman, qui tenait une blanchisserie, a produit un sipara [un chapitre du Coran, NDLR] partiellement brûlé comme preuve. Il a manipulé les mosquées locales en le déclarant blasphémateur. C’était la première affaire dans laquelle un chrétien a été condamné à 43 ans de prison malgré l’absence d’un témoin oculaire. Des châtiments aussi étranges posent de sérieuses questions sur la prestation de la justice. Ces victimes font face à des menaces inutiles. »

Imran Ghafur Masih avait retrouvé un texte écrit en arabe alors qu’il faisait le ménage dans la librairie familiale. Ne sachant lire cette langue, il avait pris conseil auprès de son voisin musulman, qui lui avait assuré qu’il ne s’agissait pas du Coran et qu’il pouvait le brûler. Mais ce n’était qu’un piège. Le voisin a récupéré le sipara partiellement brûlé et a porté plainte contre Imran Ghafur Masih. En détention depuis le 1er juillet 2009, il avait été condamné à la prison à perpétuité en janvier 2010.

L’avocat chrétien Maître Khalil Tahir Sindhu a défendu Imran Ghafur Masih. Il l’affirme, cette décision est « une bonne nouvelle pour la justice, pour les chrétiens, pour le pays ».

« Il s’agit d’une bonne nouvelle pour la justice, pour les chrétiens, pour le pays. Nous sommes heureux de l’issue favorable du procès qui, finalement, reconnaît la liberté à un innocent. »

Mais il déplore également une « amertume ».

« Cependant l’amertume est là : il suffit de rappeler que le cas a subi plus de 70 reports au tribunal. Imran Masih est demeuré en prison injustement pendant 12 ans. Il n’a pas pu saluer ses parents, tous deux morts pendant son incarcération, et a perdu une partie de sa jeunesse enfermé pour un crime qu’il n’avait pas commis. Il faut continuer à lutter, à tous les niveaux, afin de modifier cette loi injuste sur le blasphème. Depuis trop longtemps, il en est fait un usage abusif et souvent les chrétiens en sont des victimes innocentes. »

L’avocat dénonce la loi sur le blasphème :

« Il faut remarquer que, jusqu’en 1986, il n’existait pas au Pakistan de cas d’accusations de blasphème. Depuis 1986, lorsque le Général Zia-ul-Haq promulgua la loi en question, des cas de blasphèmes ont fleuri partout mais, dans la majeure partie des cas, ils sont totalement faux et instrumentaux. »

M.C.


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