Je me demande combien de jeunes femmes réalisent qu’elles démarrent un « voyage du héros » lorsqu’elles deviennent mamans. Pas seulement les mères avec des défis exceptionnels mais aussi les mères avec des enfants typiques, les mères au foyer et celles qui travaillent à temps plein. Chacune d’entre elles possède ce de quoi les héros sont faits.
Pendant longtemps je ne l’ai pas cru, j’avais vécu le côté dramatique de l’histoire du héros. Notre fille ainée, Penny, fut diagnostiquée avec un syndrome de Down (Trisomie 21) et cela m’a pris une année entière pour survivre au milieu de mes doutes et de ma tristesse. Je suis ressortie de là transformée, avec une appréciation plus profonde du don que représentait chaque vie humaine et une compréhension plus grande du fait que l’intellect ne détermine pas la valeur d’un individu.
Ensuite notre fils William est né, et quelques années plus tard sa soeur Marilee, et les défis ordinaires de la vie de parents se sont imposés. Les doutes, la peur et la tristesse que j’expérimentais à l’idée d’être parent d’enfants « typiques » me semblaient honteux. Après la naissance de Penny, les gens m’apportèrent des repas, prièrent pour nous et ils me comprenaient si je ne répondais pas au téléphone ou si je manquais le culte du dimanche matin. Avec des enfants normaux personne n’allait m’aider si les enfants ne dormaient pas la nuit. J’étais inquiète de savoir si les gens allaient accepter que je manque mes engagements à l’école du dimanche et à l’église.
Maintenant que nos enfants sont plus grands et ont quitté le cycle constant des otites et des maux de gorges, qu’ils ont quitté les siège-autos et les chaise-hautes, je vois que le voyage de l’éducation normale offre sa propre histoire de changement et de croissance. C’est un appel au sacrifice, même si ce ne fut qu’un sacrifice de temps et d’endurance physique. Le sacrifice est toujours une forme d’épreuve, quand cela émerge de l’amour, ça a le pouvoir de nous renouveler.
Au début de ma vie de maman de trois enfants, j’ai essayé de continuer comme si rien n’avait changé. J’ai essayé de garder mes activités et mes engagements bénévoles. J’ai essayé de travailler 4 heures par jour. J’ai essayé de prier régulièrement et de manière systématique. J’ai essayé d’ignorer ce que j’entendais des mères plus âgées me disant qu’il y avait des saisons dans la vie et que cette saison avec des enfants petits était un temps pour ralentir. Mais moi je voyais le fait de « ralentir » comme un signe de défaite, je ne pouvais pas me résoudre à croire que tout ce que Dieu m’avait confié se résumait à ces trois enfants.
J’ai essayé de garder mes objectifs professionnels, ma discipline physique et spirituelle ainsi que mes engagements dans l’église locale. Finalement entre les jours de maladie, les nuits sans sommeil et toutes les demandes ordinaires j’ai craqué sous le poids du quotidien et j’ai regardé tout s’effondrer autour de moi. Cependant l’épreuve ordinaire de changer encore une couche, de voir un nouvel épisode de « L’âne TroTro » avec un enfant malade et d’écouter encore l’apprentissage laborieux d’une leçon de piano m’ont aidée à comprendre la nature de l’amour et la nature de la grâce.
Curieusement, c’est d’avoir des enfants qui m’a aidée à me reconnaitre moi-même comme enfant de Dieu. Quand je ne pouvais pas tout gérer, quand j’avais besoin d’aide au milieu de cette épreuve ordinaire, j’ai commencé à comprendre la compassion et le soin de Dieu pour moi. Tout parent qui aime un enfant avec un amour sacrificiel sera brisé et au milieu de ce brisement pourra être reconstruit. En rencontrant un obstacle après l’autre, en tombant, en nous relevant et en apprenant quelque chose d’entièrement nouveau au sujet de la vie, de l’amour tout en étant renouvelée tout au long du chemin.
Amy Julia Becker
Source : Christianity Today