Chez les adolescents, 89% des garçons et 83% des filles « ont déjà surfé sur un site pornographique gratuit ».
Vers une « génération Youporn » ? C’est la question que se posaient l’institut de sondage IFOP et l’Observatoire de la Parentalité & de l’Éducation Numérique (OPEN). Cette étude révélait qu’au collège, « 52% des enfants ont déjà surfé sur un site pornographique », que chez les adolescents catholiques pratiquants, « 42% ont surfé sur un site pornographique via un smartphone » et que 89% des garçons et 83% des filles « ont déjà surfé sur un site pornographique gratuit ». Et si les parents redoutent à juste titre ces sites gratuits, une nouvelle étude, « Culture Reframed« , pointe les réseaux sociaux et vise à « renforcer la résilience et la résistance aux médias et à la pornographie hypersexualisée ».
La pornographie en libre accès
Un adolescent interrogé dans le cadre de cette étude affirmait qu' »en gros, la pornographie est omniprésente ». Et cette omniprésence est avérée. Gail Dines est professeur émérite de sociologie au Wheelock College. Elle explique au Boston Globe comment, sur Instagram ou Snapchat, il suffira à votre enfant de mettre un émoji anodin dans la barre de recherche pour accéder instantanément à du contenu pornographique.
« Si les adolescents saisissent un emoji de fruits ou de légumes dans la barre de recherche, une liste de liens apparaît pour afficher des images allant de femmes à peine vêtues à des femmes attachées à des liens de servitude sexuelle. Ces images mènent directement à des comptes pornographiques, qui sont utilisés par de nombreux acteurs du porno pour construire leurs bases de fans. »
Des entreprises faciliteront ensuite les liens entre réseaux sociaux et Pornhub en quelques clics. Et cette imprégnation omniprésente du porno dans la vie de nos adolescents est lourde de conséquences. Chez les garçons, il est question de « souffrir d’anxiété, de dépression, de mauvais résultats scolaires, de dépendances et de relations malsaines ». Les filles quant à elles sont plus « vulnérables à la sextorsion, à l’intimidation, à la vengeance pornographique, au harcèlement sexuel et au suicide ».
Les conséquences de l’hypersexualisation des filles
« Culture Reframed » met également en garde contre l’hypersexualisation des filles dans notre société, que ce soit dans les médias classiques, les clips vidéos, les magazines jeunesses, ou encore dans les lignes de vêtements. Elle rapporte que « les adolescents exposés à des médias sexuellement explicites étaient par conséquent susceptibles de considérer les filles comme des objets sexuels ». À l’époque de #MeToo, le rôle des femmes dans les clips musicaux a des conséquences sur la vision du consentement. Il pousse les garçons à « croire que quand une fille dit ‘non’ au sexe, cela signifie en fait ‘oui’. » L’étude pointe également les jeux vidéos : les adolescents qui jouaient avec un personnage féminin sexualisé « exprimaient plus de tolérance aux mythes sur le viol et au harcèlement sexuel ».
L’étude dénonce les effets dévastateurs : « tolérance accrue à la violence sexuelle et au harcèlement », « accusation accrue des victimes de viol et baisse de l’empathie à leur égard », « mythe du viol consenti », « acceptation du viol ».
Comment les protéger ?
Aujourd’hui, bloquer un smartphone avec le contrôle parental ne suffit plus. Les enfants auront accès à ce contenu par leurs camarades. L’étude met en avant plusieurs « antidotes » : la « vigilance parentale », le fait de « fixer des limites », l' »éducation sexuelle progressive », la pratique de « sports non-sexualisés » et l’éducation aux médias, afin de faire attention à la façon dont les hommes et les femmes sont traités.
« Une parentalité autoritaire chez les mères, les mères moins matérialistes et les mères plus religieuses peuvent aider leurs filles à être moins touchées par l’exposition au contenu sexuel ou peuvent prévenir l’exposition. »
M.C.
Lire aussi sur le même sujet :
5 conséquences de la pornographie sur la vie de couple
John Bevere raconte comment il a été délivré de l’addiction à la pornographie
Dans certains États d’Amérique, la pornographie est une « crise de santé publique”… Et ailleurs ?
Bouleversant plaidoyer d’Ashton Kutcher contre la pédopornographie