Au Domino Park, dans le quartier de Little Havana à Miami, les hommes jouent tous les jours aux dominos et se racontent des histoires. Beaucoup évoquent Cuba, le régime de Fidel Castro, l’embargo. Parmi eux, Mo Varelas, fils d’un pasteur cubain, raconte comment toute la famille a finalement choisi la fuite.
Plus de 1,5 million de Cubains ont fui l’île depuis 1959, en quête d’asile politique ou fuyant l’extrême pauvreté. La plupart vivent à Miami, où ils aiment leur café autant qu’ils détestent le dictateur qui les chassa. “Fidel Castro est parti, mais son héritage reste”, et les cubains de Miami restent dans l’attente d’un changement visible avant de se réjouir.
Mo Varelas raconte que son père Moïse, anciennement pasteur à Cuba, aujourd’hui âgé de 90 ans, ne s’est pas réjoui de la mort de Fidel, craignant que les circonstances ne changent pas.
“Nous n’oublions pas les membres de nos familles tués, persécutés. Ceux qui comme mon père ont été emprisonnés pour avoir prêché l’Evangile, certains pour très longtemps, et qui ne disposent toujours pas de la liberté d’expression sur les sujets politiques ou religieux. Avec ce degré de censure, il est difficile d’être enthousiaste au sujet d’un éventuel changement.”
Mo se souvient que beaucoup de chrétiens et de prédicateurs ont été envoyés au peloton d’exécution. On ne connaît pas le nombre. Son père, Moïse raconte avoir été envoyé aux travaux forcés dans les champs de canne à sucre.
“Ils l’ont fait pour causer du tort aux chrétiens et nous empêcher de faire notre travail pour l’Evangile… ils ne voulaient pas que nous prêchions dans nos églises.”
La famille Varelas se joindra finalement aux plus de 300 000 cubains bénéficiant des “Vols Liberté” des années 60 et 70. Moïse ne voulait pas partir. Ce sont les chrétiens qui l’ont poussé à mettre en sécurité ses 4 enfants. Il a continué à prêcher à Miami. Actuellement dans sa dixième décennie, il continue de prêcher !
« Je vais continuer à apporter la Parole de Dieu jusqu’à la fin de ma vie, parce que Dieu ne m’a pas appelé pour un jour ou un an, mais pour toute ma vie.”
Les relations se réchauffent entre Cuba et les Etats-Unis depuis deux ans, Castro est mort, mais le flot de réfugiés continue. 10 000 réfugiés en 2008, 50 000 en 2016 et ils continuent d’affluer malgré la mort du dictateur. Ils passent par l’Amérique centrale, prennent un vol pour l’Equateur et parcourent 80 kilomètres à pieds dans la jungle tropicale, à la frontière du Panama et de la Colombie. La marche dure 9 jours, avec l’eau des ruisseaux comme seule nourriture.
A Miami, les nouveaux réfugiés se mêlent aux anciens. Mo témoigne :
« Nous ne célébrons pas la mort d’un homme, mais... Nous célébrerons quand il y aura un vrai changement à Cuba, quand il y aura une réelle liberté à Cuba. Nous aimerions voir une forme de gouvernement démocratique, et là nous pourrons célébrer. »
Son père Moïse met quant à lui en garde et appelle à la prière.
« Cuba souffre encore. Nous devons continuer à prier pour Cuba, parce que nous ne savons pas vraiment comment tout cela va tourner.”
La rédaction
Source : CBN