La brève histoire de Caïn et Abel est connue. Est-elle bien connue ? C’est l’une des questions à laquelle tente de répondre ce numéro de Ma Bible.
"[…] Et [Ève] dit : J'ai formé un homme avec l'aide de l'Éternel". Livre de la Genèse, chapitre 4
Mais qu’est-ce que les protestants peuvent encore trouver à raconter sur ce bout d’histoire du début des temps ? Les mythes n’ont-ils pas leurs limites ? Pourquoi ne pas les laisser tranquillement prendre la poussière entre les quatre murs d’une bibliothèque universitaire ? Qu’avons-nous besoin de les étudier, encore, encore, encore et encore ?
D’autant que concernant l’histoire de Caïn et Abel, les faits, très anciens, sont rapportés par un auteur qui n’y était même pas (Moïse). Et inutile de préciser que l’analyse ADN ou le croisement des sources sont impossibles. Si vous attendez donc à une "vérité" journalistique ou scientifique (ces vérités-là en sont-elles vraiment ?), inutile de regarder ce programme, vous risquez d’être déçus.
C’est vrai. Le décryptage que propose Ma Bible est plus ardu que jamais. Ses limites sont tracées en quelques petites lignes noires sur fond blanc : le texte, l’écrit, les courbes et les droites de caractères typographiques colportés depuis la nuit des temps. Ont-ils quelque chose à nous dire ?
Religion du livre, traités, essais, thèses, contrats, actes notariés… Pour transmettre de génération en génération, pour capter le réel et le sceller de nombreuses civilisations écrivent en caractères à deux dimensions (hauteur et largeur), sur un support.
Concrètement, quelqu’un ou quelques-uns se mettent autour d’une table ou d’un écran et écrivent d’un commun accord en tentant de faire rentrer le plus fidèlement possible dans leur texte l’expression d’une réalité, d’une pensée, d’un sentiment, d’une croyance. Parfois, les mathématiques viennent en appui. Mais ce n’est pas toujours possible.
Puis, une fois la plume posée, autour de cet écrit immuablement ancré sur son support, les paysages défilent : les langues et les langages évoluent au gré de la météo du réel, des peuples, des cultures, des voyages. C’est alors qu’interviennent les explorations et les expéditions historiques et linguistiques que sont la traduction, les traductions de la traduction et les interprétations.
Mais revenons à Caïn et Abel. Peut-on vraiment donner du sens pour ici et maintenant à un texte si ancien ? Croyez-vous sincèrement qu’il puisse nous parler encore ? Vous ne pouvez pas être sérieux !
Non, il est temps de l’admettre, nous n’avons pas, à Présence Protestante, la prétention du sérieux. Nous sommes tout au plus des complices, des accoucheurs de texte, des sages-femmes au chevet d’Ève qui disent, avec elle, qu’avec l’aide de l’Éternel, nous pouvons, peut-être contribuer à former des Hommes. Et si c’était cela, le sens du texte ?
Une émission en partenariat avec l’Alliance Biblique Française préparée par Éric Denimal et réalisée par Jean-Rodolphe Petit-Grimmer.
Christophe Zimmerlin, pour Présence Protestante