Ils sont vieux, mais ils ont de l’allure. Boudés, rejetés, ringardisés dans bien des églises, les cantiques anciens - qu’ils proviennent de « Sur les Ailes de la Foi », de « Dans la Présence du Seigneur » ou d’autres recueils - sont pourtant des trésors à redécouvrir.
Écrits à une époque où le taux d’alphabétisation n’était pas ce qu’il est aujourd’hui dans les pays occidentaux, ils constituaient à eux seuls, de véritables prédications. Ils parlent de rédemption, de pardon, d’amour, sans occulter des sujets comme le péché, la mort, l’enfer. Ils témoignent de situations vécues, tragiques ou heureuses. Ils annoncent ouvertement l’Evangile ou mettent en avant des textes bibliques.
Et l’exercice est bien plus délicat qu’on le pense Bien souvent, ils ont été écrits en anglais puis « adaptés » en langue française, et pas uniquement « traduits ». Cela fait une différence. Car une adaptation tient compte d’éléments qu’une traduction ne permet pas : la fluidité et la musicalité des mots, le rythme des phrases, la rime, les références historiques et culturelles des locuteurs de la langue-cible… Tout ce qui fait qu’un francophone saura s’approprier le chant comme s’il avait été écrit dès l’origine dans sa langue. Et l’exercice est bien plus délicat qu’on le pense. Lorsqu’ils ont été écrits par un auteur francophone, ces chants dévoilent d’autant plus leur ancrage dans l’héritage local.
Avec les années, certaines tournures de phrase ont vieilli - c’est le propre d’une langue qui évolue. Et faute d’avoir su adapter les codes selon les époques, de nombreux cantiques étaient en passe de sombrer dans l’oubli. Lorsqu’on sait la croissance fulgurante des églises évangéliques - en France et dans d’autres pays - au cours des 70 dernières années, la tentation est grande de ne proposer à des communautés nouvelles que des chants nouveaux, qui occultent le riche passé sur lequel elles sont pourtant fondées, parfois sans même le soupçonner.
Que faire donc de ces chants qui avaient été initialement composés pour l’orgue, lorsque l’orgue déserte les salles de culte ?
Sebastian Demrey et Jimmy Lahaie ont trouvé la formule
Sebastian Demrey et Jimmy Lahaie ont trouvé la formule. Depuis 2010, avec leur look de gendres idéaux, leurs casquettes de Gavroche, leurs bretelles et chemises à carreaux, ils s’attèlent à restaurer ces trésors enfouis - dont certains remontent aux premiers temps de la Réforme - dans une version plus contemporaine qui donne la part belle aux guitare, batterie, contrebasse, parfois violon ou piano. Ce faisant, ils ont su réconcilier les générations pour faire profiter les plus jeunes de textes d’une profondeur et d’une qualité littéraire remarquable.
Après 4 albums - Héritage, Héritage 2, Héritage 3, et Héritage Cantiques de Noël - ce mois de mai 2017 voit arriver le nouveau volet Héritage 4. Antithèse de la culture ambiante, Héritage est à la musique ce que les jouets en bois ou les meubles anciens restaurés sont à la déco. C’est l’avènement du vintage à la sauce protestante et évangélique, qui porte un profond respect à l’ancien tout en étant solidement ancré dans le temps présent. Une réhabilitation bienvenue de textes et de compositions qui ont encore tant à apporter aujourd’hui.